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Dinamo Bucarest - FC FCSB : derby éternel ? (Bucarest 3/3)

Dinamo Bucarest - FC FCSB : derby éternel ? (Bucarest 3/3)

A la surprise générale, le derby éternel (sic) a été programmé dans le vieux Stadionul Dinamo (Dinamo Sports Park). Un stade avec une piste d’athlétisme et bien éloigné des normes UEFA. Dans un stade de 15 000 places, on ne sera que 5 000 maximum pour ce match. Dommage.

En vérité, si ce match est officiellement le derby éternel (pour Futbology aussi), c’est un faux derby. Suite à diverses actions judiciaires entre l’armée roumaine et le propriétaire George Beccali, ce club a perdu la propriété du nom Steaua et des titres acquis avant 1998. Beccali a ainsi changé le nom en FC FCSB. Le vrai Steaua (CSA Steaua Bucarest) a été refondé en 2017 pour repartir de D4 et évolue désormais en D2. Il paraît que même cette histoire échappe à une partie des roumains et que les deux clubs sont encore confondus puisque les deux se décrivent comme le Steaua original. Quel bordel.

Je remercie @FootRoumain sur Twitter de m’avoir éclairé et je vous recommande deux contenus :

l’article de Footballski : Du Steaua Bucarest au FCSB : Mutation et déchéance du plus grand club roumainLe podcast de l’After : Steaua, une étoile en sommeil ?

De l’autre côté, la situation n’est pas bien plus sereine avec le Dinamo. Le club est endetté et doit sa présence cette saison en Liga I à la solidarité de ses supporters qui grâce aux dons, maintiennent le club en vie… pour combien de temps ?

Voilà donc le contexte réel de ce derby moins propice à une grande fête du football.

Le stade

Que dire de ce stade ? C’est en quelque sorte l’anarchie. Il est caché derrière des bâtiments (dont une clinique). On ne trouve aucune indication sur les tribunes, les portes. Un stade d’une époque révolue où le football n’était pas commercialisé, avec un sentiment d’insécurité pour les non-initiés. L’expérience est chaotique mais c’est aussi celle qu’un groundhopper aime retrouver. On a quand même une devanture principale avec une belle inscription DINAMO

Avec l’état de ce stade, les restrictions à 30% nous tapent un peu moins à l’œil même si elles doivent être +/- respectées. Par exemple, les premiers rangs sont des places à visibilité réduite (ou inexistante). Au final, on a un sentiment déformé d’une affluence plus proche des 50%.

L’atmosphère

Jusqu’aux premières minutes du match, on retrouve bien l’ambiance tendue d’un derby. On a des tentatives d’embrouilles côté parcage avec le groupe de supporters à proximité. Ça se balance et se renvoie des fumis. Et du côté du virage principal (avec le District 48), ça prépare le tifo pour l’entrée des joueurs avant de lancer véritablement l’ambiance avec chants et fumis. Cela sera un peu suivi par la latérale mais le tifo n’était pas encore retiré que le Dinamo avait déjà pris un but…

Le reste du match ne sera pas tellement digne de l’ambiance que l’on peut imaginer d’un derby d’Europe de l’Est. Une ambiance correcte mais pas de quoi en garder des souvenirs mémorables. La situation sportive (Dinamo avant-dernier de Liga I, 0-1 dès la 2ème minute, 10 contre 11 dès la 35ème), le contexte économique (club ruiné) et politique (derby fake), les restrictions (30%) et le stade à ciel ouvert sont autant d’éléments qui n’aident sans doute pas non plus à la résonance des chants malgré les efforts des uns et des autres.

Les ultras du FC FCSB et du Dinamo se sont également fait remarquer par le déploiement de diverses banderoles dont vous trouverez le sens exact grâce aux traductions de @FootRoumain sur Twitter : voir le thread ci-dessous

Malgré la défaite 0-3 qui parle d’elle-même sur l’écart de niveau sur le terrain, la solidarité entre les fans et le club du Dinamo reste de mise à la fin du match (les joueurs subissent également la situation financière du club).

L’expérience groundhopping

L’expérience de ce match est finalement assez étrange. Un vieux stade, des restrictions Covid impactantes, un club en crise financière et sportive, officiellement un derby éternel mais qui n’en est pas réellement un du fait de la cohabitation de deux Steaua dans le foot roumain.

En définitive, malgré le badge “derby éternel” débloqué sur l’appli Futbology : Non, je ne peux pas dire que j’ai assisté au derby éternel tel qu’on l’entend historiquement. Malgré tout, c’était l’occasion de se faire un beau match des tribunes dans ce vieux stade. L’occasion ne se représentera peut-être pas pour moi, et même pour les groundhoppers de manière générale vu l’état de délabrement avancé du stade.

Point +

L'authenticité chaotique du Stade Dinamo.
L'atmosphère d'un derby à l'entrée des joueurs.
Les nombreuses banderoles.

Point -

Le FC FCSB n'est plus le Steaua,
donc ce n'est pas le vrai derby éternel.
Les jauges 30% (sold-out 4 jours avant).
Triste Dinamo en respiration artificielle.
L'organisation chaotique autour du stade.