Rencontre

Legia Warszawa - Lechia Gdansk

Legia Warszawa - Lechia Gdansk

Les ultras du Legia Warszawa ne sont plus à présenter. La référence Ultra World les a classés 3e, 1er, 1er, 3e, 2e, 8e et 1er de 2015 à 2021. Avec l’Etoile Rouge de Belgrade, ceux sont les 2 meilleurs groupes d’ultras au monde.

Le Legia a gagné le championnat la saison dernière, ce qui leur a notamment permis de jouer l’Europa League cette année. Malgré 2 victoires lors des 2 premiers matchs dans un groupe très relevé (Spartak Moscou, Napoli, Leicester), ils ont terminé 4èmes avec 6 points. Et en championnat, c’est la catastrophe : le Legia était encore relégable à la 22ème journée (ce qui correspond aux 2 tiers de la saison là-bas) ! On est actuellement à la 27ème journée, le Legia s’est depuis bien repris, et est 10ème, 10 points devant la zone rouge. Plus que quelques points et un maintien à assurer et cette saison noire sera terminée. Le Lechia Gdańsk est de son côté 4ème mais est décroché depuis longtemps du trio de tête. Il n’y a donc pas de grand enjeu ce soir.

La ville

Je suis arrivé à la gare Warszawa Centralna dans un froid glacial en pleine tempête de neige, -3°C avec un ressenti à -9°C. Difficile de faire pire comme conditions ! La neige s’est au final calmée au cours de la journée. J’ai logé à l’Ibis Budget Warszawa Centrum, excellent rapport qualité-prix à 10 minutes à pied du stade. Je vous le recommande pour 35€ la nuit. J’ai pu visiter cette très grande ville en attendant le coup d’envoi à 20h. C’était à la période du fameux 1er avril où il a neigé fortement aussi en France, ce qui avait même provoqué le report du ASSE-OM au lendemain. Ici, malgré de très grosses chutes de neige, toute la ville sait gérer ce genre de situations et un report était loin d’être à l’ordre du jour !

Le stade

Je trouve que le stade du Maréchal Józef Piłsudki (ou Stade de l’armée polonaise) est l’un des meilleurs stades pour plein de raisons. La structure du toit amène un charme indéniable quand on est aux abords. En arrivant aux abords du stade, on admire l’architecture peut commune du stade et pour avoir admiré longtemps leurs compilations, je me suis dit « Ah, c’est donc ici que se déroulent toutes ces vidéos » avec des étoiles dans les yeux !

Mais avant d’y aller, il y a différents trajets à pied pour s’y rendre. Si vous avez le temps, testez les 2 suivants : Si vous venez du centre-ville en venant de la rue Myśliwiecka qui passe sous l’allée Armii Ludowej ; ou alors si vous venez de l’hôtel dont je vous ai parlé ou du Stade National qui n’est pas très loin du stade du Legia, alors longez la droite de la route Solec qui passe sous le pont Łazienkowski.

N’hésitez pas à passer à la boutique. La pelouse (lorsqu’elle n’est pas enneigée) à côté des premiers escaliers est assez stylée lorsqu’il fait nuit et qu’elle est éclairée. Les escaliers nous amènent à mi-niveau de la tribune où de nombreux points de vente de nourriture et de bières (peu d’attente) sont placés ainsi que des grandes tables pour manger si vous êtes plusieurs. Enfin, j’ai beaucoup apprécié toutes les portes vitrées pour entrer dans les tribunes si tu veux regarder ce qu’il se passe dans le stade sans pour autant aller t’asseoir. Et quand tu vois qu’il y a des préparatifs dans la tribune ultra et qu’il va donc y avoir une chorégraphie, c’est juste la meilleure sensation ! Les tribunes sont également très proches du terrain, bref que demander de plus ?

Le match

La chorégraphie est un tifo de début de match. Comme je l’avais déjà indiqué, c’est l’une des seules chorégraphies que j’ai eu à voir aussi tôt dans un match en Pologne. Plus d’une demi-heure avant le match, une bâche est dressée 10 minutes sur tout le bas de tribune de la Żyleta, le nom de la tribune des ultras, pour permettre aux ultras de se changer.

Une fois rabaissée, je vois donc tous ces ultras cagoulés se déplacer librement dans leur tribune, certains montant au 2ème étage, et se placent assidument là où il faudra pour la chorégraphie à venir. La chorégraphie est donc un tifo à feuilles, dévoilant « LEGIA » écrit dans une typographie originale et en blanc et noir, sur un fond rouge et vert, qui se déroule en trois temps. (Source de la photo : Nieznani Sprawcy)

Dans un premier temps, au moment de l’hymne du Legia, qui démarre 2 minutes avant le coup d’envoi, toute la Żyleta montre ses feuilles, mais certaines sont réversibles : le trio de couleurs rouge-blanc-noir sur le haut de tribune se confondent et le trio vert-blanc-noir se confondent aussi dans le bas de tribune. La banderole en bas indique : « Même quand ça ne marche pas sur le terrain… » Le but est donc de montrer (volontairement !) un « LEGIA » brouillon, un peu illisible, comme le niveau de leurs joueurs sur le terrain lors de la saison en cours.

Quand l’hymne se termine, donc au coup d’envoi, les feuilles qui étaient réversibles se mettent rapidement toutes dans le bon sens pour former un « LEGIA » clair et net. La banderole du bas est changée et indique alors : « … le canada est toujours dans les tribunes ! ». « Canada » est un dialecte pour signifier « une abondance de quelques chose » donc comprendre le bordel, les chants, cadres et acclamations lancés par les ultras. Les ultras seront donc toujours là, quel que soient les résultats désastreux.

A la 3ème étape, un chant plutôt mélodieux se lance et des fumigènes jaunes sont allumés tous en même temps tout en haut de la tribune. La forme du toit permet de donner un effet incroyable. De plus, des dizaines de fumigènes « flashs » blancs sont posés sous les feuilles à la base des lettres L, E, G, I et A donnant l’impression d’un « LEGIA » en totale ébullition. Un régal !

Cette chorégraphie est juste une « masterclass », une œuvre d’art réalisée par des artistes ! En 1ère partie de chorégraphie, ils réalisent volontairement un tifo « dégradé », non mais qui a déjà vu un truc du genre ailleurs ? C’est dire l’aisance qu’ils ont pour préparer leurs cadres. Et franchement, on a connu pire comme démonstration des supporters pour se plaindre du niveau des joueurs. Le match sera rapidement interrompu quelques minutes par la très grosse fumée dégagée.

D’un beau numéro, l’attaquant polonais du Legia prêté par l’Union Berlin Paweł Wszołek ouvre le score à la 29ème minute. Comme relaté par d’autres, l’explosion de joie sur un but est peu impressionnante compte tenu de l’énorme ambiance constante mise tout le long du match. On ne peut évidemment pas s’en plaindre. Josué, sûrement le meilleur joueur du Legia, passe tout proche d’aggraver le score en tapant le poteau 2 minutes après l’ouverture du score.

La réputation de l’ambiance ici n’est donc clairement pas usurpée, c’est juste incroyable. Le stade est quasiment un kop à lui tout seul en fait. A cela s’ajoute la voix des polonais naturellement plus forte que nous et on est imprégnés dans une ambiance stratosphérique qui ne s’arrête jamais. Certains chants sont facile d’accès, d’autres plus longs mais très mélodieux ! C’est aussi très sympa quand les supporters font le signe « L » de « Legia » avec le pouce et l’index de la main droite tendue vers le ciel. Les périodes de sifflets sont dures pour les oreilles !

Cette première période a au moins été émaillée par 2 rappels à l’ordre du speaker pour demander aux supporters d’arrêter de lancer des boules de neige, notamment sur le gardien du Lechia, qui devait déjà un peu plus tranquille en 2nde mi-temps de l’autre côté. Regardez déjà le nombre de boules de neige visées sur le gardien rien qu’au moment de l’entraînement, quand les ultras étaient en train d’installer leurs banderoles à l’arrière-plan :

A la 65ème, Paweł Wszołek dépose son centre sur l’attaquant de pointe Tomáš Pekhart qui permet au Legia de mener 2-0.

Le parcage visiteur, bien trop loin de ma place pour l’entendre a dévoilé sa chorégraphie peu de temps après le 2-0. 630 supporters dont 20 du Śląsk Wrocław ont garni le secteur haut du parcage. Au-dessus de leur banderole « Amateurs de foot » avec un burger enflammé mangeant des pétards, ils ont apporté de multiples drapeaux verts et blancs et ont allumé dans un premier temps des fumigènes aux mêmes couleurs, puis rouges. Très beau.

Le Lechia réduira le score à la 83ème par l’intermédiaire de Łukasz Zwoliński. Malgré l’ultra-domination en fin de match et notamment une barre transversale à la 93ème, le Lechia n’arrivera pas à égaliser. Au coup de sifflet final, aucun joueur du Legia ne s’est véritablement approché de la Żyleta. Je ne sais pas s’il s’est passé des évènements antérieurs entre les joueurs et les supporters mais c’était du coup très étonnant.

Conclusion

Je ne trouve évidemment aucun point négatif pour une visite ici. Mes attentes très élevées ont été plus que comblées. Même sans chorégraphie, le plaisir auditif d’être ici se suffit lui-même ! Et je vous dis ça, alors que le match a atteint seulement 18 652 spectateurs, plutôt sans enjeux, en plein froid et que le Legia vit la pire saison de ces dernières années !! Les ultras du Legia se nomment Nieznani Sprawcy (Les auteurs inconnus) et ont une page Facebook. Ils savent motiver leurs troupes, et ont beaucoup poussé les jours précédents le match pour remplir à fond la Żyleta et donc réussir leur chorégraphie car l’affluence moyenne lors de cette saison noire était seulement de 14,5k. Rien à signaler sur les billets, faciles d’accès. Bien sûr si vous souhaitez vous situer si proche des ultras comme moi, une réservation par Internet s’impose.

Point +

Ambiance exceptionnelle.
Chorégraphie splendide.