Rencontre

Dinamo Bucarest - CSC Dumbravita au Stadionul Marin Anastasovicii de Giurgiu

Dinamo Bucarest - CSC Dumbravita au Stadionul Marin Anastasovicii de Giurgiu

Je termine mon week-end avec le Dinamo Bucarest qu’on avait quitté en janvier dans une situation financière et sportive extrêmement compliquée. On n’était même pas certain que le club puisse survivre à la saison 2021/2022. Le club est bien là mais la situation n’a pas véritablement changé. Le club a sportivement été relégué en Liga II (D2), c’est toujours mieux qu’une disparition. Le club et les joueurs continuent d’être (au moins partiellement) financés par la solidarité des fans. C’est ainsi grâce à eux que le club a gardé sa licence pour disputer une saison de plus. On peut par exemple acheter sur la billetterie un ticket de soutien (pas d’accès au match) pour chaque match à l’extérieur du club. En remplissant fictivement ce stade, le club continue temporairement de vivre. Jusqu’à quand ?

De plus, désormais leur ancien stade n’est plus homologué pour jouer en Liga II. En janvier on avait eu la chance de voir l’un des derniers matchs du Dinamo au Stadionul Dinamo. Clairement, on était déjà sur du stade non entretenu et laissé à l’abandon. Mais alors, où joue le Dinamo ? C’est de la négociation qui semble se faire match par match, selon les coûts que peut représenter la location des stades.

Le stade Arcul De Triumf

Avant mon arrivée, le Dinamo avait pu disputer le premier match de l’Histoire d’un club au stade Arcul De Triumf. Des critiques ont publiquement émané de ce premier match, mais le club a tout de suite pris la défense de ses supporters. Quelques sièges auraient été cassés mais involontairement pour un excès de joie et surtout pas une volonté de casser. Ce stade est à l’origine conçu pour le rugby.

Ce week-end, il y avait justement une compétition de rugby qui leur empêchait son usage. Cela m’a permis d’aller y jeter un œil pour 4€ devant un Tonga - Chile. Le stade est superbe (et très bien situé) avec un angle volontairement dégagé pour avoir vue sur l’église Cașin Monastery. Cela mériterait qu’un club de Bucarest puisse en être un hôte régulier.

Destination Giurgiu

Le Dinamo s’est donc rabattu là où on l’accepterait : au Stadionul Marin Anastasovicii de l’Astra dans la ville de Giurgiui à 60km de Bucarest. Pour mémoire, ce club avait éliminé l’OL en Barrages d’Europa League en 2014. Et oui, le temps passe et l’OL s’enfonce dans sa médiocrité. Depuis, le club d’Astra est en perdition totale (lire sur sofoot). Encore un beau modèle de gestion sportive et d’échec économique en Roumanie.

Me voilà donc embarqué dans un long périple vers la ville de Giurgiu, à la frontière bulgare. 60km, long périple ? Est-ce que j’en ferais pas des tonnes ? Et bien pas tant que ça. Ce déplacement m’a permis d’en apprendre davantage sur les routes et les transports en commun en Roumanie. C’est pas joli.

Pour se rendre à Giurgiu en train, il m’aura fallu 2h40 à l’aller. Le train passait à chaque fois par Videle, une catastrophe d’un point de vue optimisation du trajet puisque ce détour nous amène à 140km de trajet pour rejoindre Giurgiu en train direct. Cause ou conséquence, le secteur ferroviaire roumain a été plus ou moins abandonné par la CFR (et l’Etat) de même que la population les ont abandonnés. En 1998, la compagnie ferroviaire nationale CFR transportait 158 millions de personnes à l’année. On est depuis descendu à 50M. De nombreux trains ne circulent pas à plus de 50 km/h. On fait un bond dans le temps d’un demi-siècle.

Il ne faut pourtant qu’à peine plus d’une heure en voiture pour rejoindre Giurgiu. Mais en tant qu’étranger, je n’aimerai pas non plus circuler sur les routes roumaines qui sont mal entretenues. Les secousses inconfortables dans les bus de Bucarest sont déjà là pour en témoigner, notamment le trajet de l’aéroport à Bucarest.

Cela explique pourquoi la circulation est épouvantable dans la capitale et qu’on ne peut pas trop en vouloir aux bucarestois. Pendant mon week-end, je me suis tapé des trajets d’une dizaine de km en près d’une heure et demi pour aller voir un match du Concordia Chiajna. J’ai tout de suite compris que je n’irais pas voir un autre match de Liga II à Buftea le lendemain (ça m’aurait pris 2h un samedi matin pour 20km).

Il y’a quelque chose qui ne va pas avec les transports sur Bucarest. Ils ont le métro, le tram et le bus mais aucun de ces transports en commun n’est convaincant. Ils couvrent tous des distances trop courtes et des destinations trop limitées. Donc on a 3 méthodes de transport médiocres pour nous amener à destination. Un seul moyen de transport mais de qualité aurait été préférable. Par exemple, aucune voie n’est réservée aux bus donc on subit les embouteillages catastrophiques de la ville.

Giurgiu

Le train m’aura au moins amené à destination et à l’horaire prévu pour une vingtaine d’euros A/R. J’ai visité un peu et on va être franc : c’est horrible. J’ai pourtant visité tout et n’importe quoi comme ville pour du football, notamment en Angleterre (Huddersfield, Hull, Wigan, etc), mais là on est encore un niveau au-dessus. Vous êtes dans la campagne roumaine. Il n’y a aucune raison sensée de s’y rendre, à moins de rejoindre la Bulgarie depuis Bucarest. Mais ça reste une expérience qui m’a permis d’attiser ma curiosité sur les transports roumains, etc.

Le stade et l’atmosphère

Le stade de l’Astra Giurgui Stadionul Marin Anastasovicii est encore dans un bon état pour un stade qui n’a plus d'autre utilité que des matchs de Liga IV.

Dans ces conditions, on s’est quand même retrouvé avec environ 2 000 supporters du Dinamo ayant fait le déplacement. L’ambiance était donc plutôt agréable avec quelques chants réguliers et cette impression de supporters passionnés et amoureux de leur club de cœur, qu’importe sa situation. La communion avec les joueurs à la fin, puisque le Dinamo l’a emporté 4-1, était également belle à voir. En quelque sorte, c’est comme ça que j’imaginerais voir mon club du FC Nantes. Sans Kita, dans des divisions inférieures s’il le faut, en comité restreint s’il le faut, mais qu’entre passionnés et avec des bonnes raisons de soutenir son club.

Point +

Le stade Arcul De Triumf.
Découvrir la Roumanie à travers ce voyage en train.
Et cette atmosphère de fin du monde.
Un club toujours bien suivi.

Point -

Voyage insensé.
Les routes et transports en Roumanie.
Atmosphère de fin du monde (bis).