Rencontre

Borussia Mönchengladbach - Bayer Leverkusen

Borussia Mönchengladbach - Bayer Leverkusen

Pour terminer le week-end, on a choisi un match du Borussia Mönchengladbach. Facilement accessible depuis la France (aéroport de Düsseldorf, lignes directes en Flixbus et Thalys vers Düsseldorf, etc) et proche des frontières (je suis arrivé de Bruxelles par Flixbus en 3h), j’ai suffisamment pu m’apercevoir à travers les réseaux sociaux que c’était une destination groundhopping populaire et systématiquement appréciée (lire un autre compte-rendu ici).

Pour l’expliquer, c’est aussi l’une des billetteries de Bundesliga les plus simples et toujours abordables (35€ avec l’un des meilleurs emplacements en latérale) bien que le Borussia-park fasse le plein à chaque match. On peut même caler tout ça plusieurs mois à l’avance. Nos tickets ont été achetés en septembre !

Et si ce n’était pas déjà assez avantageux, comme la plupart des clubs de la région (liste ici) le transport en train est gratuit depuis la ville de Düsseldorf le jour du match (30km, quand même). Et les bus dans Mönchengldbach le sont évidemment aussi. Toujours mieux, l’organisation est impeccable en après-match avec des bus en continu. Même en traînant au coup de sifflet final, l’évacuation des supporters vers la ville est fluide. On pourrait pas demander mieux. On est sur du 10/10 en organisation de la toute première étape (l’achat du billet) à la dernière (quitter le stade et retourner sur Dusseldorf).

Il était en tout cas temps pour moi, toujours un peu sur la retenue lorsqu’il s’agit de parler favorablement de l’atmosphère d’un match de la populaire Bundesliga, d’y faire un retour. Un sentiment pas anormal en ayant fait des matchs à Augsbourg, Düsseldorf, Leverkusen, Mayence, Munich, des destinations qui n’ont jamais eu les meilleures réputations. Même si l’Eintracht Francfort, plus réputé, ne m’avait déjà pas épaté pourtant dans l’une de mes premières expériences à l’étranger en 2015.

Les stades pleins y compris les parcages visiteurs, la culture ultra présente dans chaque stade, le côté “familial” avec un investissement de tous sont indéniablement des points positifs : l’expérience atteint toujours un standard qualitatif pour passer un bon moment. Mais c’est aussi quelque chose que je ressens parfois comme un point négatif : les clubs de Bundesliga sont des grosses “machines” avec des stades modernes à l’intérêt architectural quasi nul. Et c’est si bien organisé que ça en devient trop “carré”, sans surprise.

Le stade

Ce n’est pas avec son Borussia-Park que mon sentiment va en tout cas changer. Même dans une ville de 260 000 habitants dont on peine déjà à reconnaitre l'existence d'un centre-ville ou tout simplement d'un monument, le stade a été foutu au milieu de rien. Je ne ferai d'ailleurs pas l'injure de noter la ville. Mais c'est vrai, le stade est impeccablement construit et pas dégueulasse comme l’immonde Esprit Arena à 40km de là. Mais voilà, on n'en retient pas grand-chose si ce n’est qu’on sera confortablement installé tout à l’heure. Des grands parkings, une immense esplanade avec plein de foodtrucks, un bel éclairage, les grands classiques du stade moderne. La "Deutsche Qualität", parait-il. Efficace mais pas mémorable.

Le match et l’atmosphère

On retrouve sans surprise ici aussi les qualités d’un stade allemand, avec un public de tout type, des tribunes pleines et un virage actif. Alors que le week-end de Bundesliga était jusque-là assez fou sur les autres matchs (Wolfsbourg 6-0 Fribourg, Cologne 7-1 Werder, Dortmund 4 - Augsbourg), on avait bien peur d’être les malchanceux du week-end.

Dans un sens, ça a été le cas puisqu’on a eu un scénario extrêmement défavorable. Le Bayer Leverkusen menait 3-0 à la 67ème minute. Et inutile de compter sur les fans de Leverkusen pour mettre de la folie dans le stade. En Rhénanie-du-Nord, il y’a tellement de clubs professionnels qu’un match entre deux clubs pourtant éloignés de seulement 50-60km ne devient pas spécifiquement un derby avec une forte rivalité. J’avais déjà constaté à la BayArena que les fans de Leverkusen n’étaient pas impressionnants.

Heureusement, l’Allemagne a d’autres qualités qui s’imbriquent sans doute ensemble. C’est un football assez libre et offensif. Si bien que peu importe le score, le match reste toujours ouvert (en témoigne les scores du week-end) et qu’on ne s’ennuie généralement pas. En l'occurrence, le spectacle est surtout venu des ailiers de Leverkusen Adli ou Diaby qui ont mis en PLS la défense du Borussia.

Conséquence ou non de cet état d’esprit positif, les ultras (par définition, c’est plutôt normal) et le public de manière générale n’abandonnent jamais un match et continuent d’apprécier chaque opportunité de marquer même à 0-3. Et lorsque le Borussia réduit le score à la 82ème, ça n’empêche pas le speaker de jouer avec le public : conserver l’habitude de leur faire crier le score de chaque équipe, quand la notre est menée 1-3, me fait sourire.

Et quand le Borussia remonte à 2-3 dans les derniers instants du match (90+3), on a encore envie d’y croire. Parce qu’en Allemagne, comme en Angleterre, le football pratiqué et le public créent ensemble une atmosphère qui ouvre le champ des possibles. En ce sens, malgré un scénario catastrophe, le match est resté appréciable. Il a manqué peut-être 5 minutes pour rendre ce match fou.

On regrettera malgré tout de ce match la sobriété des virages même si les drapeaux étaient nombreux. A l'image de son stade, c'est au mieux efficace sans être marquant. Des chants pas tellement entrainants et l'absence de "pyroshow" à l'exception d'un hommage (voir ci-dessous). Toujours très investi politiquement, les ultras allemands déploieront également une banderole revendicative.

Il y'a des moments symboliques plus gênants comme lorsque tout le stade se lève sur "Steht auf, wenn ihr Borussia seid" (Lève-toi, si tu es fan du Borussia). L'initiative est louable, et soutenue par toutes les tribunes. Mais posons-nous les bonnes questions : à quoi ça sert ? Ce n'est jamais suivi d'une bonne intention. Par exemple en lançant ensuite un chant engageant, ou plus court un cri (compte tenu du silence, on s'en contenterait), qui fasse participer tout le stade. On se lève juste comme des cons (et c'est pas le seul endroit en Allemagne) avant de se rasseoir. C'est un peu le côté "artificiel/automatique" qui me déplait parfois chez les allemands. Je préfère par exemple le naturel anglais : se lever en réaction du match, pour un tacle ou invectiver les adversaires et l'arbitre. Et non sur un ordre sans suite. Sottocultura ne devrait pas s'en contenter. Cela serait moins frustrant à constater si on atteignait déjà les limites d'un public désintéressé en les faisant se lever. Mais je ne peux pas croire ça. Mon avis est que ce public allemand ne demanderait qu'à avoir une bonne raison de faire un peu plus. Dommage...

L’expérience groundhopping

Pour toute la partie organisationnelle facilitée, d’emblée le Borussia Mönchengladbach est une bon déplacement pour un groundhopper. L’achat des billets, les différents transports, les tarifs très accessibles : c’est parfait. Et quoi qu’il arrive, on a un stade plein et un bon virage d’ultras. En sachant qu'on peut également viser mieux pour les supporters adverses. Bref, on peut y retrouver toutes les qualités d’une bonne expérience de Bundesliga. Certes, avec mon regret que dans ce championnat on soit parfois un peu trop dans une “norme d'expérience” avec des grands stades “modernes” excentrés des villes qui ne savent pas se différencier. Pas l'expérience d'une vie, mais à faire une fois.

Point +

Organisation et accessibilité extra (transport, billets, etc).
Bon exemple d'expérience et ferveur allemande.
Fin de match intéressante.

Point -

Trop "formel" ?
Pas d'harmonie entre Nordkurve et latérales.
Semblable à d'autres expériences Bundesliga.
Les supporters visiteurs, insignifiants.