Rencontre

Rayo Vallecano - Girona FC (Madrid ⅓)

Rayo Vallecano - Girona FC (Madrid ⅓)

Quel meilleur week-end que celui du 11 novembre pour voir du football sur Madrid ? Exceptionnellement les 3 clubs de Liga situés à Madrid jouaient à domicile : le Rayo Vallecano, le Real Madrid et l’Atletico. Et puisqu’il y avait de la Ligue des Champions avant, et une trêve internationale après, je prédisais que les matchs seraient joués samedi et/ou dimanche. Parfait.

Vallecas

J’ai à peine atterri à l’aéroport de Madrid (11h45) que mon week-end débute par le match du Rayo Vallecano à 14h. On a la chance que Madrid soit un aéroport extrêmement bien desservi (métro, train, etc) et proche de la ville. En une heure, me voilà donc à l’arrêt de métro Portazgo qui me met nez à nez devant le stade et les petits marchands. De mémoire, je n’ai jamais vu une sortie de métro qui puisse être plus proche du stade. Cela fait donc son petit effet dès les premières secondes.

<p>Photo prise en sortie de match</p>

Photo prise en sortie de match

Le stade s’imbrique totalement avec l’ambiance de son quartier Puente de Vallecas. Il forme le district de Vallecas avec le second quartier Villa de Vallecas. On sent immédiatement la relation étroite entre le club et les habitants-supporters (on s’imagine facilement ces deux termes indissociables) de tout âge de ce quartier de 240 000 habitants.

A vrai dire, quand je suis sorti du métro j’ai instinctivement pensé aux alentours d’un stade tel qu’à Novi Sad avec des entrées et guichets chaotiques, etc. Le dépaysement est assuré.

J’ai d’ailleurs vu ce quartier, défini “de tradition ouvrière, de mouvements progressistes et de contre-culture” cité parmi ceux à éviter sur des guides touristiques du web. A Madrid on peut également entendre que c’est un quartier à éviter. En effet, le taux de criminalité y serait le plus élevé de Madrid. Quartiers pauvres de Madrid, Vallecas est régulièrement cité dans des articles de presse lorsqu’il s’agit de démontrer la précarité à Madrid.

<p>Vue sur le stade et le quartier de Puente de Vallecas depuis la Butte du Tío Pío</p>

Vue sur le stade et le quartier de Puente de Vallecas depuis la Butte du Tío Pío

A quelques mètres du métro, en face du stade, un superbe graffiti s’affiche sur le mur d’un bâtiment et témoigne de la fierté de la population locale pour leur club.

<p>Photo prise en semaine</p>

Photo prise en semaine

Je vous recommande la lecture de l’article de Le Corner pour prolonger la présentation du Rayo Vallecano :

Rayo Vallecano, monument en péril

Billetterie

Le Rayo pousse son particularisme encore plus loin. C’est la première fois sur un club de D1 en Europe que je fais un match dont les billets ne s’achètent qu’aux guichets du stade. Cela appuie un peu plus l’impression d’un club “communautaire”, qui n’a pas besoin d’aller chercher son public ailleurs à Madrid ou de séduire des touristes.

Pour cause, le stade de 14 000 places approche du taux de remplissage maximal à chaque match. Sur cette saison, l’affluence minimale était de 11 991 (contre Majorque) et de maximale de 13 966 contre l’Atletico. Pour notre match contre le leader Girona, on était à 13 177 spectateurs. Malgré tout avec ce système je pense qu’il est régulièrement possible d’acheter sa place pour le match le jour même (ça faisait la queue le jour du match) mais avec un choix très réduit de places. On m’a fait écho qu’à l’ouverture des ventes selon le match on pouvait avoir deux-trois heures d'attente au guichet. Cette méthode reste donc contraignante, y compris pour les fans locaux.

Pour notre match la mise en vente a été annoncée par le club le mercredi à 15h avec ouverture des ventes en foulée à partir de 17h.

Un pote expatrié à Madrid a récupéré nos places le jeudi. Nous avions les dernières places à 40€ (facturés chacune 30€ par erreur) du stade. Je vous recommande donc de venir dès que possible acheter vos places lors de votre séjour à Madrid. Comme dit plus haut, Vallecas reste un quartier de Madrid et c’est très bien desservi. La perte de temps pour faire l’A/R au stade reste donc “limitée”.

Le stade

J’ai déjà un peu parlé de l’extérieur du stade en vous parlant du quartier, les deux séduisent immédiatement. Ça sent étrangement encore beaucoup le football amateur de ce point de vue. Les quelques marchands devant le stade vous permettent d’acheter des sandwichs, boissons ou des produits plus inhabituels autour d’un stade comme des fruits. Et dès qu’on a vu ça, on se dit que la fouille (je me posais la question puisque j’arrivais directement de l’aéroport avec mon sac) ne va pas du tout poser problème ! C’est le football à l’ancienne ici. Encore plus étrange, c’est un sentiment agréable dont je vais pouvoir reparler sur les autres matchs du week-end.

Sans être pour autant moderne, on va poliment dire que l’intérieur fait déjà plus professionnel que de l’extérieur. Les trois tribunes sont correctes. Le stade garde toujours des particularités bien à lui avec l’absence d’une quatrième tribune, qui n’aurait pas la place d’être construite tant le stade se trouve au milieu d’habitations.

On a une proximité assez exceptionnelle avec le terrain. Du premier rang, quasiment rien ne nous sépare du terrain : comme certains stades anglais, y’a pas la place de prendre son élan pour tirer un corner et des joueurs s’échauffent à l’intérieur du terrain.

On note aussi un espace miniature (100 places ?) réservé aux visiteurs sur l'extrémité du niveau intermédiaire de la latérale face à notre tribune. Je ne parle pas de parcage car comme vous le voyez (ou pas), ça n’en est pas un. Je pourrais en faire un constat plus général sur les visiteurs avec les autres matchs du week-end.

L’atmosphère

J’ai inévitablement abordé l’atmosphère à travers le quartier et le stade qui sont une partie intégrante de celle-ci sur un match du Rayo. Donc venons-en plus précisément à l’ambiance des tribunes.

On avait beau être dans notre “petit coin”, on a pu apprécier l’ambiance mise par le virage à notre opposé. On a une belle activité, régulière pendant tout le match et quelques originalités comme une version adaptée du “Aux Armes” et de “la Marseillaise” qui rendent le lieu unique. Le virage appelle les latérales, en les pointant du doigt pour reprendre tour à tour des paroles d’un chant. Les tribunes y répondent volontiers. Y'a également eu quelques banderoles (de soutien) pendant le match, signe d'une tribune définitivement active. A noter l'usage d'un grand drapeau "WORKING CLASS" durant tout le match qui ne ment pas sur les origines populaires des supporters de ce club comme on en parlait en début d'article.

En actions isolées, j’ai moins aimé nos voisins surexcités faisant du bruit aussi vulgairement que des supporters angevins (taper des pieds, taper sur un panneau publicitaire) et profitant de la proximité avec le terrain pour gueuler (pas que des politesses) sur l’arbitre de touche. Cette proximité permet néanmoins aussi des interactions sympas avec les joueurs.

Le match

J’ai pas encore trouvé de défaut au Rayo et même le match n’en sera pas un. Le Rayo affrontait le surprenant leader de Liga Girona CF. Sur le papier c’était donc un superbe match et ça s’est bien confirmé sur le terrain. Tout d’abord à la 5ème minute par un but du Rayo de notre côté avec une célébration proche de nous.

On a sinon eu une belle démonstration dans le jeu par Girone pour nous expliquer leur première place. Sans s’alarmer, ils vont revenir dans le match en seconde mi-temps pour l’emporter 2--1. Pour appuyer statistiquement la qualité du match, on a eu 16 tirs cadrés : majoritairement des occasions réelles de but dont des arrêts incroyables des gardiens, un sauvetage désespéré sur la ligne ainsi que 4 ou 5 poteaux. Seule ombre au tableau, Girona attaquait de l’autre côté en seconde mi-temps donc les actions étaient majoritairement à notre opposé.

Résumé vidéo de Rayo Vallecano - Girona CF

L’expérience groundhopping

Et bien franchement, j’ai un certain désintérêt pour le football espagnol ici simplement prouvé par l’espace visiteur effectivement ridicule (spoiler : ça sera pareil pour le Real et Atletico) mais pour toutes les autres raisons énoncées dans mon compte-rendu le Rayo est probablement l’une des meilleures choses à faire en Espagne. Ne vous laissez pas endormir par l’attractivité du Real ou de l’Atlético : le club à faire à Madrid c’est le Rayo !

Point +

Une atmosphère à part...
... le dernier "club de quartier" ?
Des chants originaux.
Métro à 2 pas du stade.
La proximité des tribunes avec le terrain.

Point -

Pas d'achat en ligne...
Et risqué d'acheter la veille ou jour J (prix et/ou disponibilité).