Rencontre

Liverpool - Newcastle

Liverpool - Newcastle

Et nous voilà enfin à la raison de notre séjour à Liverpool, le match qui clôture la journée de Premier League le soir du jour de l’an : Liverpool - Newcastle. Un horaire de “soirée européenne” assez rare pour donner un parfum particulier à ce match, d’autant plus qu’Arsenal a raté ses fêtes et que Liverpool s’est déjà assuré de rester en tête de PL avant son match.

La billetterie

Abordons tout de suite la question de la billetterie même si j’ai déjà souvent abordé le cas, plutôt sur au-stade.fr, à l’époque où j’étudiais sur Liverpool. Je suis membre de l’association française (“French Branch”) depuis plus d’une décennie donc je passe par eux pour aller à Anfield. Entre mon ancienneté, le fait que je réclame guère davantage qu’un match par saison (sans même viser des affiches particulières, le plaisir d’y aller me suffit), ça se passe en toute sérénité et garantie d’avoir une place. L’autre solution est d’être membre LFC, de participer aux tirages au sort qui ont lieu deux fois par an et de croiser les doigts (une chance sur 10 ou moins d’obtenir une place).

Les fresques

Même en étant retourné deux fois à Anfield depuis la saison 2016/2017 (où j’y avais vu 20 matchs), je n’avais pas particulièrement pris le temps de faire letour des fresques présentes dans le quartier d’Anfield (lien pour toutes les trouver). L’idéal c’est d’y aller en période creuse (éviter en avant-match) pour en profiter pleinement et prendre de belles photos. C’est donc ce qu’on a fait en début de matinée. Et je vous laisse profiter du résultat. Vous reconnaîtrez la plupart des visages alors je vais juste en commenter quelques-unes.

Missy Bo Kearns est une joueuse de l’équipe féminine, une véritable scouser (= née à Liverpool) et donc l’une des joueuses emblématiques actuelles. L’hommage fait référence au titre de Championship en 2021-2022. Je commence à m’intéresser de plus en plus à ce championnat féminin car l’équipe de Liverpool devient bonne. C’est la première saison de Women’s Super League qu’elles ne passent pas dans les bas-fond du classement d’un championnat de plus en plus relevé, avec des affluences record de saison en saison. En plus, les matchs sont gratuits sur l’application de la WSL.

Puisqu’il est si compliqué d’obtenir un ticket à Anfield pour les matchs masculins, j’espère que l’équipe féminine va continuer de gagner en popularité et rattraper son retard sur les autres. Et peut-être que tout comme Arsenal Women à l’Emirates, on finira par remplir Anfield pour elles. Après tout, on supporte le Liverpool FC.

Anne Williams est une figure emblématique de la campagne pour obtenir la vérité sur le drame d’Hillsborough en 1989. Son fils est l’un des 97 fans décédés lorsque Liverpool affronte Nottingham Forest en ½ de FA Cup. Un documentaire en 4 parties réalisé par Kevin Sampson (survivant d’Hillsborough) “ lui a même été concerné : “Anne” (je ne l’ai pas vu).

Même si je les avais tous plus ou moins vu sur les réseaux sociaux, c’est vraiment magnifique et incontournable à voir en vrai. Les fresques sont sans exception dans le quartier d’Anfield donc ça se fait facilement en une heure. Vous remarquerez que l’auteur des fresques est très majoritairement “Paul Curtis” (également l’auteur de fresques pour Tranmere). On salue son travail.

Le stade

On est justement retourné à Anfield après le match de Tranmere. Mais se balader dans les rues vides qui jouxtent le stade de bon matin (on a seulement croisé deux asiatiques faire la même chose que nous), c’était déjà l’occasion de profiter de la meilleure manière du stade.

Par le passé j’ai pointé des défauts objectifs sur le stade et sa devanture notamment car l’inchangé Goodison Park a un rapport à l’Histoire plus impressionnant. Mais là j’ai trouvé que c’était déjà mieux de la part club. En effet, la devanture principale met en évidence des joueurs actuels, avec le sponsor Nike en retrait, même si j'aimerais y voir aussi des anciens joueurs. Parfois ça ressemblait encore davantage à un affichage promotionnel défavorable (mise en évidence du maillot par exemple) au monument de culte que doit continuer de représenter Anfield. Il n'en reste pas moins qu'on pourrait sans forcer en faire un meilleur usage.

C’est qu’en plus, Anfield continue de s’agrandir. C’est le grand changement depuis ma dernière venue à Anfield avec les travaux sur la tribune Anfield Road (tribune derrière les buts du côté des visiteurs) avec la construction de toute la partie haute. Elle n’a été testée et approuvée que quelques semaines avant notre match, seule la petite partie intermédiaire de la tribune reste inoccupée pour ce match contre Newcastle. En deux phases, Anfield est passé de 46 000 places (petite déception : je ne l’ai pas connu sans la Main Stand Upper) à 61 000 places aujourd’hui.

Le match et l’atmosphère

C’est trop compliqué de dissocier le match de l’atmosphère dans un stade anglais alors mettons les deux ensembles. La particularité d’obtenir mes places par la French Branch, c’est qu’on découvre la veille ou seulement le jour même nos places. On a été gâté avec des places dans le célèbre Kop d’Anfield !

Mais comme je le dis souvent, chaque tribune peut avoir son avantage et de toute façon on ne fait pas de chichi tant qu’on a notre sésame. Quand ça joue bien au foot, depuis la Main Stand on se régale. Dans la tribune d’Anfield Road, j’ai également de bons souvenirs d’avoir vu la majorité des buts de ce côté. Spoiler : les fans présents en Anfield Road se seront justement régalés sur ce match où LFC attaquait en seconde période.

Dans l’opinion publique, Anfield est en quelque sorte un stade des extrêmes qui fait toujours débat : par ceux qui y ont été parfois une seule fois pour en tenir un jugement trop définitif, ceux qui n’y vont pas et ne font que retranscrire des “j’ai lu que”, “on m’a dit que”, “il parait que” des réseaux sociaux, et ceux qui s’en tiennent aux généralités et raccourcis des médias “la meilleure ambiance d’Europe”.

Néanmoins, un peu de factuel : je vous laisse seul vous opposer à l’opinion des plus grands coachs du Monde (chez des rivaux) et premiers concernés : Alex Ferguson, Guardiola, Wenger, etc.

La nuance, qui existe bien évidemment, étant sans doute que parmi les meilleures ambiances d’Europe, la peur est souvent annihilée par le niveau de l’équipe hôte. Exemple : personne n’a peur d’aller jouer en Ligue des Champions au Marakana. En revanche, parmi les équipes elles-mêmes craintes, Anfield a des bonnes raisons d’être le pire stade pour un adversaire (sinon qui ?). L’Histoire, les matchs légendaires qui s’y sont joués, le Mystique entrent dans la tête des joueurs, des supporters, des adversaires et contribuent à ce sentiment.

Anfield est enivrant. Il vous donne littéralement l’impression que tout est possible et que par le seul pouvoir de la volonté, de l’enthousiasme et de l’émotion, vous pouvez changer les choses pour le mieux. (Klopp, octobre 2022)

Avec 23 matchs à Anfield, j’ai un peu tout vu ou presque : des petits matchs comme des derbys mais jamais le “meilleur” car j’ai fait que deux matchs européens dont un triste LFC - Bayern (0-0, le souvenir d’une action sinon le néant). Et la vérité n’est jamais aussi évidente que l’une de ces opinions.

J’avais d’ailleurs prévenu Yann qui faisait le match avec moi : il ne faut pas se créer des attentes démesurées, c’est la meilleure chance d’être déçu. L’ambiance est en partie dépendante de la qualité du match. Il y a des bons et des mauvais jours. Comme je l’ai dit en début de compte-rendu, une chose jouait avec nous : un match du nouvel an, le soir et en tête de Premier League. Tout pour être heureux. Alors voyons voir ça.

Le match comme l’ambiance se sont lancés sur des bases très élevées. Évacuons-le tout de suite : le YNWA était le seul élément en-deçà de ce que j’ai déjà connu : j’ai à peine eu des frissons). Pour le reste, c’était proche de l’exceptionnel en atmosphère, à minima à l’image d’un soir de Coupe d’Europe.

Tout a été dit par Klopp sur le match et l’atmosphère, lui qui pourtant ne mâche jamais ses mots quand il le faut (un peu plus tôt dans le mois contre West Ham en Carabao Cup). Alors reprenons simplement ses propos :

Super match, du début à la fin. [...] J’ai adoré le match, j’ai adoré l’atmosphère, tout était parfait à l'exception évidemment des buts concédés. [...] Le contre-pressing était absolument exceptionnel. [...]Je l’ai dit il y’a quelques semaines, j’ai parlé de l’atmosphère. Ce soir, l'atmosphère était absolument exceptionnelle. Comment nous avons pris les occasions manquées, c’est comme ça que l’atmosphère doit être. Ce n’était pas “Oh merde, qu’est ce qu’ils ratent !” et je pourrais le comprendre. Mais tout le monde était juste en feu : “On y retourne, on y retourne, on y retourne.” Et c’est ce qu’on a fait, on a marqué 4 buts, ce qui est déjà un nombre remarquable.

C’est exactement ma pensée sur ce match. En Angleterre, sans doute encore davantage à Anfield qu’ailleurs dans le Monde, l’atmosphère fonctionne souvent comme un cercle vertueux entre l’équipe et le public. Les joueurs montrent l’exemple par leur état d’esprit, combativité et pressing, l’envie d’aller de l’avant. Le public leur rend, ça transcende encore davantage les joueurs, qui transcendent encore un peu plus le public. Et ainsi de suite.

De mon propre avis, on retrouve moins ce sentiment dans des pays à la culture ultra, CQFD puisque leur but est d’animer la tribune qu’importe le match et son scénario. Et parce qu’en Angleterre, à Liverpool, à Anfield, y compris dans les latérales on vit plus intensément le football. Si Anfield n’existait pas, il faudrait que quelqu’un l’invente parce que c’est pour ce genre de passion que le football a été fait (Klopp, octobre 2022). C’est pourquoi il est important de respecter et d’apprécier les différentes cultures du supporterisme.

En l'occurrence, c’était fou contre Newcastle. J’étais halluciné par le contre-pressing des joueurs de Klopp. Alors comment ne pas être surexcité ? Même quand il ne s’agissait que d’empêcher Newcastle de se dégager en contrant un ballon en touche, c’était incroyable. C’était tellement kiffant.

Ce qui est intéressant dans ce match, Klopp l’a bien remarqué, c’est le scénario du match et la façon dont le public a su réagir positivement et conserver la même détermination. On aurait pu s’en mordre les doigts quand Liverpool passe 45 minutes a buter indéfiniment sans marquer un but malgré les innombrables occasions (dont une frappe complètement dingue en angle fermé d’Alexander-Arnold). L’ambiance est restée toute aussi belle.

Puis quand le match s’est décanté en seconde période à l’opposé de notre tribune (les 4 buts du LFC côté Anfield Road), Newcastle n’a pas tardé à revenir au score (1-1 56ème). Bis repetita, on a gardé la même détermination, on a continué à chanter, à pousser les joueurs sans se laisser bouffer par le stress. C’était beau, finalement encore plus beau qu’un match qu’on aurait aimé et dû se rendre facile comme en témoignent les statistiques historiques de ce match. Une folie.

Sans doute échaudé par les 2 buts de Newcastle laissant toujours planer un léger doute même avec deux buts d'écart (4-2 81ème), LFC est resté offensif et le match haletant jusqu’au coup de sifflet final. Un régal de bout en bout.

On s’étonnera simplement de la sobriété des tribunes qui n’en auront même pas profité pour chanter que “We’re Top Of The League” du match. Le succès modeste ? Pourtant cette soirée à l’atmosphère “spéciale” semblait accréditer ma thèse d’une prise de conscience générale entre les déboires d’Arsenal et nos belles fêtes de fin d’année : “et si c’était vrai, et si on rejouait déjà le titre ?” malgré un effectif trop renouvelé au milieu du terrain selon moi pour le jouer au départ de la saison (CQFD Klopp est trop fort).

L’expérience groundhopping

Cela ne fait aucune surprise que j’aime profondément la ville de Liverpool. C’est naturellement un plaisir d’y passer un week-end (même si on a beaucoup bougé). Et alors avec un tel match, qu’espérer de mieux ? C’était la meilleure manière de débuter l’année, au risque qu’au premier jour de l'année ce soit déjà mon highlight 2024 (non, ça devrait aller avec la Corée du Sud et les JO). “Il n'y a aucun autre endroit comme Anfield”, quand le contexte lui/nous sourit. Et c’était notre jour de chance.

Point +

Liverpool c'est chouette.
Anfield, les fresques dans le quartier.
Un match exceptionnel.
Une ambiance exceptionnelle.

Point -

Pour chercher un défaut : YNWA en retrait du reste ce soir ?
Transports très limités au réveillon et nouvel an.