Rencontre

Dans la folie d'un match de baseball en Corée : LG Twins - Doosan Bears. (Corée du Sud, Partie 1/3)

Dans la folie d'un match de baseball en Corée : LG Twins - Doosan Bears. (Corée du Sud, Partie 1/3)

Introduction

Ce voyage à Séoul est le fruit d'une longue attente puisque j'avais réservé ce voyage en 2019. Mais le Covid est passé par là à un mois de mon départ. Et m'y voilà enfin pour deux semaines complètes en mai 2024. Ce voyage comporte 4 évènements sportifs : 2 matchs des LG Twins à Séoul, un match des Lotte Giants à Busan ainsi qu'un match de foot du FC Séoul.

Je vais répartir les infos et détails sur la Corée du Sud sur les différents compte-rendus. En revanche je vais essayer de rester vague sur les “attractions touristiques”. L’atmosphère qui se dégage de la vie courante en Corée du Sud, le contexte unique à chaque activité réalisée, auront été bien plus importants que les attractions touristiques telles qu’elles peuvent être recommandées sur TripAdvisor ou par des blogueurs. Et puis c’est évidemment subjectif. Mais n’hésitez pas à venir me poser des questions sur les réseaux sociaux si vous prévoyez un voyage en Corée du Sud pour plus de précisions.

Dans mon cas, la culture coréenne m’a fasciné depuis longtemps d’abord à travers le cinéma coréen et donc particulièrement des thrillers. Puis à travers les dramas mais surtout les Slice-of-Life K-Dramas (portrait réaliste de la vie quotidienne) comme My Mister, Misaeng, My Liberation Notes et enfin la K-Indie. Bref, je suis venu chercher des moments de vie, vivre les usages et coutumes, voir des réalités et non des rêves.

Les activités à faire

Pour le dire ainsi plus clairement, j’ai retenu cette leçon : rien n’est indispensable et parmi les activités immanquables de TripAdvisor (par exemple), le palais de Gyeongbokgung est le seul “indispensable” au sens propre du terme (c'est à dire : venir en Corée du Sud sans le visiter = scandaleux). 3 belles heures à y passer entre le palais et les jardins pour à peine 2€. Et c’est à faire à l’ouverture (9h) pour éviter les touristes qui affluent autour de 10h et dénaturent les lieux.

<p>Le palais de Gyeongbokgung. Des évènements sont parfois organisés comme des repas traditionnels (c'est cher).</p>

Le palais de Gyeongbokgung. Des évènements sont parfois organisés comme des repas traditionnels (c'est cher).

<p>La visite qui ne coûte que 2€ devient gratuite si vous louez un hanbok.</p>

La visite qui ne coûte que 2€ devient gratuite si vous louez un hanbok.

<p>Venez tôt pour profiter du calme ambiant et des quelques visiteurs en hanbok qui en profitent pour faire de belles photos.</p>

Venez tôt pour profiter du calme ambiant et des quelques visiteurs en hanbok qui en profitent pour faire de belles photos.

Le Palais de Changdeokgung, plus petit, nous a moins captivé. A noter que c'est le seul des deux palais ouvert le mardi (donc foule potentiellement plus dense). L'entrée se divise en deux billetteries : l'entrée générale du palais (env. 2€) et une autre entrée payante pour les jardins (env. 3€) à réserver sur quelques créneaux horaires fixes pour présence d'un guide en anglais. Ce qui est déjà un peu plus contraignant en organisation. Mais je conseille de tout ou ne rien faire.

Par contre une fois que c'est l'heure de votre tour dans les jardins, vous pouvez ne pas attendre le guide et tracer votre route. C'est ce qu'on a fait (on avait terminé quand notre guide avait à peine débuté son tour). L'avantage c'est que vous faites votre tour à votre guise, en passant entre des groupes de touristes (environ un toutes les 30 minutes), c'est bien plus tranquille. Vous avez également une application pour écouter les explications (y'a une heure de contenu audio tout de même).

<p>Le Palais de Changdeokgung.</p>

Le Palais de Changdeokgung.

<p>Les lieux n'en restent pas moins jolis.</p>

Les lieux n'en restent pas moins jolis.

<p>Les jardins représentent quand même un meilleur complément au palais seul, surtout si les explications historiques vous intéressent.</p>

Les jardins représentent quand même un meilleur complément au palais seul, surtout si les explications historiques vous intéressent.

Le reste des activités peut se faire selon vos propres envies et opportunités pour un séjour unique : des temples vous aurez l’occasion d’en voir partout et de l’un à l’autre l’expérience restera identique. Tomber sur des moments de prières de moines est néanmoins appréciable. Sauf erreur de ma part c’est réveil à 5h et première prière à 6h.

Des villages hanoks aussi : le plus important est d’en faire en évitant la foule, que ce soit Bukchon, Namsangol, Eunpyeong ou d’autres, ce n’est pas important tant que les conditions sont réunis pour être seul et ne pas avoir le sentiment de participer à une attraction touristique pouvant déranger les habitants…

<p>Bukchon Hanok Village, le quartier était vide en début de matinée.</p>

Bukchon Hanok Village, le quartier était vide en début de matinée.

<p>Vue sur la N Seoul Tower du Namsan Park.</p>

Vue sur la N Seoul Tower du Namsan Park.

<p>Les quelques rues se font en quelques minutes... Sans touriste, c'est mignon. Avec ça tuerait le plaisir.</p>

Les quelques rues se font en quelques minutes... Sans touriste, c'est mignon. Avec ça tuerait le plaisir.

Les musées (Musée national bâclé en une heure : pas intéressant) à faire seulement en cas de mauvais temps. et encore… car aucune météo ne saurait freiner un Séoulite. Vous pouvez faire des activités plus originales. On a voulu essayer un Jjimjilbang (sauna coréen) mais on est tombé sur un mariage coréen : c’était l’étage en dessous du Jjimjilbanb, fermé pour cause de jour des enfants. On a pas eu le temps pour un Noraebang (karaoké) : Su Noraebang à Hongdae donne envie. Vous pouvez passer devant et directement voir les gens s’y amuser à travers la devanture.

<p>Le karaoké Su Noraebang à Hongdae.</p>

Le karaoké Su Noraebang à Hongdae.

Les cafés

Un jour de pluie on a en revanche passé 2 heures au café Vinyl Seongsu. Une activité simple mais relaxante qui permet de boire une boisson en se plongeant dans une belle collection de vinyles dont des célèbres BO de séries coréennes. L'entrée est payante avec une boisson incluse pour nous autoriser à rester sur le principe maximum 2 heures.

<p>café Vinyl Seongsu</p>

café Vinyl Seongsu

Je recommande également le Haus Coffee & Dessert en hanok dans le secteur du Namsan Park. Le lieu est magnifique sans lésiner sur la qualité de la proposition en boisson et nourriture. C'est top pour le petit-déjeuner. Mais vous trouverez bien d’autres cafés par vous-même, ça ne manque pas à Séoul. Si vous traînez sur Hongdae, le Cafe Oreuteu Yeonnam avec terrasse à l’étage est également très bien.

<p>Haus Coffee & Dessert.</p>

Haus Coffee & Dessert.

<p>Ce café étant en hanok, on peut s'asseoir dans la tradition.</p>

Ce café étant en hanok, on peut s'asseoir dans la tradition.

Le café Pokpo vous ne l’aurez sans doute pas manqué sur les réseaux sociaux si vous vous intéressez à la Corée du Sud, la vue est magnifique. Par contre c’est un café de piètre qualité avec des produits sous emballage... C’est le lieu qui les fait vivre. Considérant le détour à faire pour ça, n’y aller qu’en connaissance de cause si vous avez trop de temps libre. C’est juste bien pour les photos et les réseaux sociaux.

<p>La vue depuis le café Pokpo. La seule chose à retenir du café.</p>

La vue depuis le café Pokpo. La seule chose à retenir du café.

Les quartiers de Séoul

L’autre grand plaisir du séjour, c’était d’être quasi systématiquement les 3 seuls non-coréens parmi les coréens. Pour en arriver là : des réveils matinaux salvateurs pour faire des “attractions touristiques”, des événements sportifs (que vous pensiez aimer ou non, c’est à faire pour la découverte culturelle : et surprise, vous adorerez), des concerts de K-Indie et probablement fréquenter les bons quartiers.

En l'occurrence, on a passé pas mal de temps sur Hongdae car c’était le quartier de notre logement (je recommande The Blossom Guesthouse). Mais j’avais volontairement choisi ce quartier car c’est un quartier d’étudiants (donc plutôt 18-30 ans quand même) reconnu pour son dynamisme le soir. Vous avez des cafés et des restaurants (pour des barbecues notamment) partout, une ambiance vraiment séoulite entre des lieux ouverts 24/24 (ils ont un délire avec les “Photobooth”), les couples dont vous observerez et apprécierez l’alchimie et cohésion vestimentaire. C’est un quartier vraiment mignon où se promener.

Et puis, fait déterminant dans mon choix : c’est LE quartier pour la musique live. Vous avez toutes les salles de concerts et les cafés à musique live ici, en plus des artistes qui peuvent jouer dans la rue. Je n’ai pas eu le temps pour les cafés mais je vous donne les noms des principaux pour de la bonne musique indépendante : Jebidabang ou Idaho proposent près d’un artiste par soir (concert gratuit, fonctionne au don). StrangeFruit est également une alternative dont j’ai moins surveillé la programmation.

Pour les salles de concert, on a fait les deux principales : RollingHall (Soon) et Musinsa Garage (Hanroro, Dasutt, etc). Y’a aussi FF et Live Club Ppang mais ce sont plutôt des clubs.

<p>Dasutt @ Musinsa Garage.</p>

Dasutt @ Musinsa Garage.

<p>Soon @ RollingHall.</p>

Soon @ RollingHall.

J’ai moins été marqué par les autres quartiers, même si je ne les ai pas tous vu dans des conditions en soirée. Mais évidemment, Itaewon dégage immédiatement une atmosphère unique si vous aimez le bruit, faire la fête, un quartier “international” et moins régi par les mœurs coréennes (tenues plus outrancières, tatouages imposants, etc). On change d’univers.

<p>Itaewon.</p>

Itaewon.

Certains quartiers souvent recommandés, ceux où ça va donner en argument mot-clé “shopping”, m'ont provoqué un intérêt moindre : Myeongdong Street, Garuso-gil Road, Gangnam. Mais il faut y aller se faire sa propre opinion et peut-être en explorant davantage que nous. En plus pour le shopping, la mode coréenne est atypique bien qu'ils soient tous extrêmement stylés : ils adorent porter des vêtements vintage et/ou très très larges. C'est seulement de mauvais goût quand ils en portent avec des mots en français sans aucun sens (ils adorent notre langue). Les jeunes qui se mettent également en scène devant des affiches publicitaires d’une célébrité, et en faisant préalablement la queue, pour leurs réseaux sociaux… L’enfer. Autre exemple dans ce sens, Starfield Library (à Gangnam) c'est éventuellement esthétique et photogénique mais on s'en fout. Apgujeong Rodeo Street par contre nous a fait bonne impression en journée et en pleine semaine. Ihwa Village est également à voir avec un passage obligatoire par Naksan Park en soirée pour retrouver l’atmosphère romantique qui se dégage des couples coréens.

<p>Naksan Park en soirée. Lieu prisé des couples (et popularisé par des dramas).</p>

Naksan Park en soirée. Lieu prisé des couples (et popularisé par des dramas).

<p>Les jeunes couples assortissent régulièrement leur tenue. C'est mignon.</p>

Les jeunes couples assortissent régulièrement leur tenue. C'est mignon.

Vous pouvez également flâner sur le cours d'eau de Cheonggyecheon d'une longueur de 6km. Je parie qu'en soirée c'est également très mignon. A moindre importance car de taille plus réduite et surtout trop excentré, j’ai apprécié mon détour par Mullae Art Village. Pour manger un soir, pourquoi pas.

<p>Cheonggyecheon.</p>

Cheonggyecheon.

On s’arrête là pour aujourd’hui (on parlera entre autres des coûts et de la bouffe via le compte-rendu sur le FC Seoul) et on attaque la partie baseball.

LG Twins - Doosan Bears

Si j’ai bien compris, en Corée du Sud il y’a deux stades mythiques de baseball, les deux stades principaux des deux principales villes de Corée du Sud : le Jamsil à Seoul et le Sajik Baseball Stadium à Busan. Je vais pouvoir vous parler des deux mais on commence avec le Jamsil Baseball Stadium qui accueille les matchs de LG Twins et Doosan Bears.

Vous avez fait le rapprochement ? On débute donc sur un derby. Le compte Twitter @KBOENG m’avait recommandé ce match, me le comparant à leur équivalent d’un Inter Milan - AC Milan : même stade et rivaux. Quand j’ai lu ça, j’ai pris l’information avec du recul : “c’est histoire de trouver vulgairement une référence comparable de la part d’un américain et qui puisse parler au spectateur occidental que je suis. Mais faut pas déconner, un derby de Milan c’est quelque chose…”

La billetterie en Corée

On est arrivé environ une heure avant le coup d’envoi afin de se procurer des places. En effet, c’est trop compliqué (pour ne pas dire impossible) de se procurer des places en ligne car il vous faudra une carte bancaire coréenne et/ou un numéro de téléphone coréen (une carte SIM temporaire ne suffit pas), etc parce que c’est relié à votre identité.

Ce principe de contrôle se retrouve sur beaucoup d’achats en Corée, y compris les concerts: les ventes s’ouvrent exclusivement aux coréens via les méthodes ci-dessus puis éventuellement aux étrangers d’une manière plus souple. CQFD : l’offre entre une version d’un site de billetterie (Melon Ticket, YES24, Interpark) en coréen et la version en anglais est très différente. Et même se créer des comptes sur des sites, pour les mêmes raisons, c’est un défi.

En revanche, ça doit bien freiner le second marché puisque les places se récupèrent généralement le jour de l'événement et qu’on peut annuler à peu près tous nos achats jusqu’au jour J avec des frais d’annulation progressifs mais faibles (de 0 à 30%) .

La billetterie au Jamsil

De ce fait, en arrivant au stade vous verrez également des longues files devant des bornes. Celles-ci permettent aux fans de récupérer des places déjà achetées. A ma connaissance, au Jamsil Baseball Stadium vous ne pouvez pas directement acheter une place par une borne (contrairement au stade de Busan). Vous devez donc aller sur un guichet : face au stade, il faut filer sur la gauche, passer devant les boutiques et vous tomberez sur les guichets (ça ne doit pas être les seuls guichets). Il n'y a normalement pas d’attente et au pire vous demandez à du personnel de vous orienter (ils repèrent vite un européen perdu). Les places sont à moins de 10€ où que vous soyez.

<p>Grande file d'attente devant la boutique des LG Twins.</p>

Grande file d'attente devant la boutique des LG Twins.

Le mieux est d’acheter au plus proche de la 1st Base mais vous serez contraint de prendre ce que l’on vous propose si vous êtes en groupe. J’ai demandé à être proche des secteurs Orange 205 à 208, la “cheering section” de l’équipe à domicile, on nous a donné 334 donc à l’opposé et avec des vitres devant nous...

Le baseball en Corée

Transition et jeu de mot tout trouvé pour vous poser les bases de ce sport en Corée du Sud car ce compte-rendu, comme celui sur Busan, reflète de manière générale la Korean Baseball Organization League (KBO League). Selon toujours le même compte spécialisé, LG Twins ne représente même pas le meilleur de la KBO.

Tout d’abord, le baseball est le sport numéro un en Corée du Sud (comme au Japon) devant le football. Le baseball affiche des affluences dépassant les 10 000 spectateurs de moyenne. 4 à 5 clubs dont LG Twins & Doosan Bears tournent autour des 16000-18000 spectateurs de moyenne sur des stades pas beaucoup plus grands. Sur le match du jour, on était 23 000 (puisque match en week-end).

Les places laissées vides sont généralement dans la zone verte qui n’ont aucun intérêt sauf en cas d’homerun. Le football affiche une meilleure affluence en moyenne mais sur un nombre de matchs bien moindre.

En KBO on est sur des saisons de 144 matchs par équipe (+ jusqu’à une vingtaine de matchs en phase finale). Les équipes jouent tous les jours sauf le lundi qui est un jour de repos, pour les joueurs et les spectateurs. Les matchs se disputent à 18h30 en semaine et à 14h ou 17h le week-end. Le calendrier et les horaires sont connus dès le début de la saison. Il faut donc s’accrocher pour tenir la distance et ne pas perdre son engouement sur une saison avec des matchs qui durent plus de 3 heures.

L’avant-match

Sur ce LG Twins - Doosan Bears, j’y allais un vendredi soir. La date n’était donc pas si mal. Pourtant j’ai fait deux autres matchs de baseball un mardi et je le dis d’avance ça n’a pas changé grand chose : le public est fou !

Je m’intéresse culturellement à la Corée du Sud mais jusque-là pas au sport coréen et je ne savais pas à quoi m’attendre. J’étais trop heureux de revoir du baseball (j'ai adoré les Yankees à NY) mais je n’avais pas une grande attente sur l’ambiance. Finalement, c’est un peu le même a priori que le foot suisse (la richesse en plus) quand on y connait rien : Un pays calme, une population (trop) éduquée et respectueuse des règles. C’est pas le fan de football européen et de la culture ultra qu’ils risquent de choquer, non ? Et bien si !

Dès l’arrivée au stade une heure avant le coup d’envoi (17h30 un vendredi !), j’ai compris que quelque chose était en train de se passer. Que l’atmosphère d’un match de baseball, c’était quelque chose de spécial. Les allées sont bondées, les gens portent tous un maillot floqué, y’a de quoi manger partout, des gens avec de la bouffe partout, une file d’attente énorme à la boutique (plus proche d’un stand que d’une boutique cela dit) et ça sera la même chose sur mon second match des Twins un mardi.

<p>Jusqu'au coup d'envoi et un peu plus tard, il y'a encore foule en dehors du stade pour se ravitailler et accéder aux tribunes.</p>

Jusqu'au coup d'envoi et un peu plus tard, il y'a encore foule en dehors du stade pour se ravitailler et accéder aux tribunes.

La bouffe au stade

La bouffe, c’est le premier contact incroyable avec la KBO et le sport coréen (car c’est pareil en K League). En tant qu’européen c’est perturbant : ça commence avec une place de match à 8€ pour un derby en week-end avec une forte affluence. Et ça continue avec la bouffe : personne ne cherche à vous voler. C’est déjà trop d’émotions. En Corée du Sud, on fait ce qu'on veut, on n'est pas fouillé. On peut venir avec des sacs à dos, des sacs de course, etc. On peut se faire un festin en ramenant la bouffe et la boisson de chez soi, une petite table en complément pour se mettre bien à son siège. Tu veux acheter ta bouffe au stade ? T’as des stands de street food à l’extérieur, à l’intérieur du stade, tu sors du stade puis tu reviens, etc. On a même des 7Eleven, GS25 (les supérettes qu’on trouve partout en Corée) à l’intérieur des stades, sans majoration tarifaire constatable.

<p>Ces stands en extérieur restent peu fréquentés en avant-match.</p>

Ces stands en extérieur restent peu fréquentés en avant-match.

Et alors déjà là, vous rigolez bien en regardant autour de vous. Parce que c’est vraiment une coutume et c’est n’importe quoi le volume qu’ils peuvent ramener. On était parfois choqué. Qui ramène 5-6 sachets de biscuits apéritifs à un match (en complément de tout le reste) ?

Sur ce match, comme j’avais une place de merde j’ai passé la majorité du match debout dans les coursives à me balader donc c’était plus compliqué de voir les repas pendant le match mais j’aurais des exemples frappants avec le match à Busan. En tout cas, c'est très pratique qu’on puisse se balader librement dans ce stade.

<p>Oneshot Chicken</p>

Oneshot Chicken

L’atmosphère

Comme je l’ai dis plus tôt, j’ai été contraint de prendre des places à l’opposé des fans de LG Twins. Mais j’ignorais que les fans de Doosan Bears allaient être aussi nombreux. J’étais dans leur partie de tribune.

<p>Chaque match débute par l'hymne (Aegukga).</p>

Chaque match débute par l'hymne (Aegukga).

Maintenant, il faut expliquer le concept des encouragements en KBO. Chaque club a une “cheering zone” : vers la 1ère Base pour le club hôte, vers la 3ème Base pour le club visiteur (les zones oranges). La Corée est un pays dense donc la partie visiteur n’est pas à négliger : 3 clubs sont à Seoul, 1 à Suwon, 1 à Incheon. Donc déjà la moitié de la Ligue se situe à distance de métro les uns des autres.

Chaque “cheering zone” se compose d’un podium avec un “animateur”, des danseuses et des tambours.

<p>Le podium des Doosan Bears (section " height="200" width="520" />

Le podium des Doosan Bears (section "Away").

<p>Le podium des LG Twins (section " height="200" width="520" />

Le podium des LG Twins (section "Home").

<p>LG Twins - Doosan Bears, derby de Séoul qui partage le même stade avec une affluence de 23 000 spectateurs ce vendredi 03/05.</p>

LG Twins - Doosan Bears, derby de Séoul qui partage le même stade avec une affluence de 23 000 spectateurs ce vendredi 03/05.

<p>LG Twins - Doosan Bears (4-6).</p>

LG Twins - Doosan Bears (4-6).

Les encouragements se font à chaque fois qu’un joueur est à la batte (et inversement c’est plus silencieux quand leur équipe lance la balle). Ce qui peut paraître étrange car on aurait tendance à croire que c’est le moment qui nécessite de la concentration pour le joueur, et l’excitation du public à observer s' il va réussir à frapper la balle. Mais pas en Corée. En plus des divers chants, chansons au cours d’un match, chacun des joueurs a son propre chant d’encouragement. C'est donc très diversifié. Et y’a pas de nuance “quand le public en a envie”. C’est systématique. C’est toute la foule qui se déchaîne à chacun de ses moments. Pendant plus de 3 heures.

Et la beauté du truc, c’est que sur un match avec des spectateurs visiteurs en nombre, y’a aucun temps mort : les deux camps alternent les chants pour les batteurs. C’est incroyable. Et j’insiste. Dans un match de football, si vous diffusez un extrait, ça reste un moment du match où vous avez décidé d’enregistrer car vous trouvez ça bien. Mais peut-être qu’avant ou après y’a eu un moment moins intéressant. Ou qu’on est parfois sur un rythme neutre assez soporifique. Si on enlève le spectacle pyrotechnique (je pense immédiatement au derby de Belgrade), je ne suis pas certain d’avoir un exemple assez consistant pour concurrencer ce match de KBO. Ni une ligue de football dans la généralité de ses ambiances qui me fait plus forte impression que mes 3 expériences de KBO. Mes extraits vidéos sont ainsi des extraits quelconque au cours d’un match de plus de 3 heures !

Vous pouvez retrouver 10 extraits sur mon compte Instagram (meilleure qualité que Twitter) : Romain Glbt | Ostadium.com (@romain.groundhopping) • Photos et vidéos Instagram

Sur mon second match des LG Twins, ils ont pris une branlée le match n’avait aucun intérêt à la dernière manche et c’était la même envie. Même dans les instants après la fin du match, c’était pareil. Un mardi. Je ne comprends même pas.

<p>Photos du match du mardi 14/05 : LG Twins - Kiwoom Heroes, le troisième club de Seoul.</p>

Photos du match du mardi 14/05 : LG Twins - Kiwoom Heroes, le troisième club de Seoul.

<p>LG Twins - Kiwoom Heroes (0-5).</p>

LG Twins - Kiwoom Heroes (0-5).

<p>18 000 spectateurs en ce mardi.</p>

18 000 spectateurs en ce mardi.

<p>Même au bout de 3 heures et d'une défaite flagrante 0-5, les fans ne s'arrêtent jamais et peinent à quitter le stade au coup de sifflet final.</p>

Même au bout de 3 heures et d'une défaite flagrante 0-5, les fans ne s'arrêtent jamais et peinent à quitter le stade au coup de sifflet final.

C’est une autre culture mais c’est le divertissement total. Y’a pas une seconde de calme. Y’a pas un moment ennuyeux dans le match parce que les chants changent régulièrement. Y’a pas un seul moment de méforme du public, un besoin de les relancer. Est-ce leur culture de la K-Pop et du Karaoké qui leur donne un tel amour naturel du chant, des chorégraphies ? Le public féminin, présent en nombre, qui fait passer ce cap ? J’en ai souvent vu d’une énergie incroyable. La jeune sur les vidéos à ma gauche, elle a jamais lâché elle a fait mon match, exceptionnelle.

D’ailleurs, c’est l’occasion de préciser que le public est jeune. Les étudiants semblent majoritaires. A moins de 8€ la place pour eux et aucune restriction pour la nourriture et la boisson… Que rêver de mieux pour s’éclater quand on est jeune ? Même des gosses d’une douzaine d’années m’ont semblé pouvoir venir au stade sans accompagnant (ou p-ê qu’ils étaient ailleurs dans le stade). Comme partout en Corée, on est dans un environnement extrêmement safe. Y’a pas à se poser de questions sur la sécurité.

Enfin, ne négligeons pas la qualité de ce sport. Je trouve qu’on est tellement loin des préjugés occidentaux (que j’ai forcément eu à une époque). Il se passe toujours quelque chose dans un match. Chaque lancer, chaque frappe ont une telle importance. C’est captivant. Même quand le batteur envoie la balle en tribune (et rate donc sa frappe), c’est fun car c’est le moment de savoir si un mec du public va l’attraper du premier coup ou la prendre dans la gueule.

Plus surprenant, y'a aucune pause (réellement, y’a pas de mi-temps). Cela joue tout le temps. J’ai l’impression qu’en ressenti le temps de jeu effectif est bien plus conséquent qu’au football où il ne se passe parfois plus rien dans un match.

Conclusion

Après un match, je me disais que j’avais peut-être eu de la chance : le bon match, au bon moment. Après deux, pourquoi pas encore de la chance : Busan, c’est peut-être un public élite de ce sport. Mais un troisième dans un scénario catastrophiquement défavorable en pleine semaine, pourquoi c’était encore si bien ? Et depuis j’ai même eu des retours d’un autre français supporter de l'OM découvrant le baseball en Corée et qui vient de faire le même constat que le mien sur un match Doosan Bears - SSG Landers. Je me permets de citer les propos que j’acquiesce : “C’est le sport du siècle. L’ambiance me choque. J’ai jamais vu une telle ambiance dans un stade tout sport confondu. Pourtant j’en ai fais pas mal.”

Dans mon cas, en essayant de réfréner mes sentiments je dois quand même avoir près d’une dizaine de matchs de foot à citer en cherchant bien (mais pas tous sous la même forme de légalité et sécurité) : le meilleur de Belgrade, Gênes, Liverpool, Milan, Zurich par exemple. Bref, la plupart du temps grâce à la pyrotechnie et non aux chants. Car sur ce point et sur la qualité du sport, j’ai peut-être découvert le véritable Paradis. La meilleure Ligue de Sport au Monde. Et celle-ci est à 9 000 kilomètres de chez moi. Quel enfer.

Maintenant, ça me fait une excellente raison de retourner en Corée et de visiter le pays à travers les clubs et stades de KBO : Changwon, Daegu, Daejeon, Gwangju, Incheon, Suwon. Entre la démographie favorable du pays, les prix ridicules d’un match et le Korail Pass (164€ pour prendre librement le train pendant 5 jours), rien n'est impossible avec la Corée…

Point +

Le prix ridicule d'un match.
La liberté : de ramener sa bouffe, de se déplacer dans la tribune.
Un stade de baseball, c'est toujours beau.
L'atmosphère exceptionnelle, des fans déchainés pendant 3 heures.
Le baseball, sport très divertissant et sans pause.
Seoul, quelle vi(ll)e.