Rencontre

Kyoto Sanga - Kawasaki Frontale (Japon 5/8 : Kyoto et Uji)

Kyoto Sanga - Kawasaki Frontale (Japon 5/8 : Kyoto et Uji)

Kyoto, la ville des temples et sanctuaires. La ville où l’on ressent le plus le tourisme au Japon. J’avais une petite crainte que ce soit redondant. Mais dans la première partie, c’est notamment à Kyoto dont je faisais référence pour fuir le tourisme en faisant l’effort de marcher un peu plus, quitter les rues touristiques.

Et on va voir que ça s’est plutôt bien passé sans avoir à boire les paroles de Bruno Maltor, Japania et autres influenceurs qui voudraient nous faire croire qu’il faut se bouger à 06h du matin ou 22h pour être tranquille, ou bien zapper des villes aussi importantes lors d’un premier voyage.

Non, évidemment que Kyoto est un passage obligatoire pour n’importe qui lors d’un premier voyage. C’est touristique mais c’est amplement mérité aussi. Donc on fait avec. En tout cas, mon avis vaut pour septembre/octobre. Peut-être que sur une période bien plus touristique, vous pourriez préférer ne la faire qu'en excursion rapide depuis Osaka ? Mais ça me parait quand même impensable de bâcler Kyoto.

Tout d’abord, Kyoto c’est une ville où on a bien été accompagné par les conseils culinaires du youtubeur spécialisé Malo.

On s’est donc régalé au Ramen Uroko Kyoto Sanjo ainsi qu’à PANCAKE ROOM - Kyoto Tower Sando. On est même retourné deux fois à la dernière adresse, et ça me manque. Ils arrivent même à rendre le parfum matcha savoureux. Déjà, avec ces bonnes adresses, l'expérience à Kyoto ne peut que bien débuter.

Au hasard, on est également tombé sur des temples et sanctuaires moins cités et que j’ai pourtant adoré, délestés de la foule. Comme Kenninji Hatto et Kenninji Temple.

Tant bien même, Sannenzaka et Kiyomizu-dera sont très populaires, les lieux sont tellement magnifiques que cela reste parmi vos souvenirs d’un voyage au Japon. Vous pouvez toujours en tirer une ambiance différente en vous levant tôt ou restant tard sur les lieux, mais attention quand même ça n’a pas que du bon. J’ai fait ce coin sur les horaires populaires en journée, on circulait difficilement mais les commerces sont ouverts et méritent le coup d'œil.

Quand j’ai refait au lever du jour, c’était très appréciable de pouvoir circuler plus rapidement et vaquer plus librement à mes idées en allant dans les rues avoisinantes, en prenant de la hauteur, etc. J’étais quasiment seul la plupart du temps.

Certes, les instagrameurs et influenceurs ont évidemment eu la même idée de se lever tôt. Les rues principales sont délestées de la foule, mais remplacées par cette population énervante, immobile, cherchant la photo parfaite, qui suffit à faire perdre son authenticité au lieu. Ajoutez à cela que les commerces sont donc fermés, et il vous manque la dynamique des rues au cours de la journée.

Mais gardons à l’esprit que le tourisme est hyper concentré sur des rues spécifiques, etc. Avec peu d'efforts, on peut se retrouver dans un contexte bien plus favorable.

Par exemple, je me suis promené le même matin au Chionin Temple à côté juste avant son ouverture (8h45 pour 9h). J’avais l’impression d’avoir privatisé les lieux, c’était magnifique. Se promener dans ce grand complexe, la balade dans le parc qui est relié à ce temple… Trop beau. Je n’étais pas autorisé à prendre des photos, mais sinon j’avais les plus belles images du voyage. Le temple est si beau de l’intérieur, avec les bouddhistes qui se promènent et vont prier. Scène unique.

Autre exemple : Fushimi Inari-taisha, l’un des sanctuaires les plus populaires du Japon. C’est blindé de touristes en bas, sur le premier kilomètre. Mais si vous avez l’intention de faire la moitié de marche ou la marche complète jusqu’au bout (45 minutes), vous vous retrouvez dans une situation tout à fait ordinaire avec pas plus que quelques autres touristes/randonneurs sur votre chemin. En plus, on a eu de la chance dans notre malheur : le temps était très mauvais mais finalement ça a donné une atmosphère plus sombre que j’ai trouvé incroyable. Excellente “randonnée” d'un niveau facile.

Exemple différent d’un lieu tout aussi célèbre : la Forêt de bambous de Sagano (ou bambouseraie d'Arashiyama). De base je trouvais ça déjà surcoté. Une forêt de bambous, c’est mignon mais quand tu l’as vu, il te reste quoi de ce lieu après quelques secondes ? C’est tellement éphémère comme activité. Avec le tourisme, cette impression est renforcée. Mais même si j’avais été seul dans cette forêt de bambous, ça ne m'aurait pas subjugué. Cela reste des bambous donc on regarde surtout en hauteur, les touristes ne changent pas fondamentalement le lieu. Et dès que vous franchissez cette forêt, vous avez de magnifiques vues où personne ne s’aventure. Je pense même qu’il y’a moyen de passer la journée à se balader autour, par exemple en rejoignant le temple qui nous fait face : Daihikaku Senkō-ji Temple.

A noter que la forêt est bien située pour celui qui se rend à un match du Kyoto Sanga, puisqu’elle est à mi-chemin de la ville et du stade. Il faut donc idéalement optimiser cette visite avec le match.

A vrai dire, le seul truc que j’ai trouvé nul, peut-être la pire chose que j’ai faite au Japon: c’est le temple du pavillon d’Or (Kinkaku-ji). Ok, c’est joli si on veut, mais y’a strictement rien à voir dans ce parc. La visite prend 5 minutes. En plus, ce Pavillon d’Or a été incendié en 1950 pour être reconstruit. Il ne fait même plus partie du patrimoine national exceptionnel, ni des trésors nationaux. Il n’a que 70 ans d’Histoire. C’est bien maigre face aux autres monuments qui ont plusieurs centaines d’années d’Histoire.

Sinon, pour aborder un aspect plus général. J’ai adoré Kyoto car tu sens également que la vie peut être douce pour les locaux. Les femmes se baladent en vélo avec leur enfant en bas âge, les écoliers qui vont ou rentrent de l’école en toute tranquillité (bon, c’est aussi vrai ailleurs puisque y’a rien à craindre au pays), le gosse qui s’arrête discuter avec le premier commerçant du matin à avoir installé ses œuvres à même le sol, etc. Des scènes de vie magnifiques. Il faut vraiment se balader n’importe où dans Kyoto, il y’a de la beauté à en tirer partout.

Et ça fait mal de le reconnaître pour les habitants, mais Kyoto sans touriste, c’est simplement la plus belle ville du Monde. Les affaires seraient moins bonnes cependant puisque la ville en est dépendante. On peut pas avoir l'argent des touristes sans les touristes. D’ailleurs, les transports en commun (bus principalement) sont saturés (à cause de nous, les touristes) et ça c’est désagréable. Mais comme c'est démontré dans la vidéo ci-dessous, Kyoto ne fait pas que des bons choix sur ses infrastructures. En l'occurrence, on peut s'attendre à ce que les taxes de séjour (qui augmentent) servent à améliorer davantage le quotidien des locaux, notamment les transports en commun. Ainsi, tout le monde pourrait finir par y trouver largement son compte.

Cette vidéo qui ne m'a pas influencé (je ne l'ai vu qu'après avoir écrit le reste de mon compte-rendu), je l'ai trouvé très pertinente avec mon impression au cours du voyage. Il partage mon avis, ou plutôt je partage le sien, puisque lui vit au Japon :

  • Quelques mètres suffisent à échapper à la foule et à voir d'aussi superbes sanctuaires/temples ! C'est même hallucinant de pouvoir si facilement retourner au calme.
  • On s'auto-flagelle en tant que touriste étranger : "on est le problème", "je dois les déranger", etc. On parle des records de touristes au Japon. Mais factuellement 2/3 des touristes sont japonais. Pourtant les (médias) japonais préfèreront mettre tous les maux du surtourisme sur les étrangers...
  • Les bus sont parmi les principaux problèmes. Beaucoup de bus de tourisme, de voyages scolaires, effectivement je l'ai constaté. Car ils viennent en même temps, sur les mêmes lieux, avec un parcours "militaire" chronométré et très quadrillé.
  • Et évidemment, les chinois. Les japonais, à raison, en auraient bien plus contre eux que contre nous. Si vous sortez de la boucle répétitive des réseaux sociaux avec les mêmes extraits des pires comportements (c'est bon on a compris la vieille qui prend en photo une geisha), les chinois sont vraiment ceux qui ont un manque d'éducation de manière générale. On les repère facilement.

On a complété nos 4 jours avec le musée Nintendo à Uji. Avec ou sans le musée Nintendo, c’est un passage agréable qui se trouve en bordure de rivière (Uji River). On y retrouve quand même mal de touristes donc n'espérez pas la tranquillité. Si vous avez du temps, vous pouvez largement prévoir un petit détour par ici. Attention, la réservation du musée Nintendo se fait en amont via loterie puis vente des places restantes pour une seconde chance. Cela part vite et vous pouvez suivre les infos sur le compte dédié Twitter. Le musée est pas ouf mais ça permet de partager des souvenirs, y'a des mini-jeux et des produits exclusifs pour compenser. Je ne conseille pas d'y aller seul.

Kyoto Sanga - Kawasaki Frontale

Le stade

Le stade est en réalité situé dans la ville de Kameoka, c’est excentré mais comme je le disais vous avez la forêt de bambous sur le chemin. Et le trajet en train passe par de jolis paysages. Il y’a même des trains romantiques qui sont organisés mais qui n’en valent visiblement pas la peine.

Mais au moins, avec un match de foot, vous avez une bonne raison de faire le trajet en traversant la forêt. Donc bien que le stade soit éloigné de la ville, c’est compensé par ce transport agréable.

Et une fois arrivée à Kameoka, juste devant le stade, y’a une vraie expérience qui débute. On tombe sur une cinquantaine de stands, c’est impressionnant. Vous avez une vue imprenable sur la nature, que vous pouvez observer en vous détendant le long de la rivière (Oi River). Le stade a lui-même une sacré gueule, en étant seulement d’une capacité de seulement 21 000 places.

C’est l’un des stades et des environnements autour d’un stade qui m’a le plus mis une claque.

En revanche, à l’intérieur, l’offre alimentaire est plus limitée et plutôt “américaine”. Mais faut-il rappeler qu’au Japon (comme en Corée) vous rentrez avec votre nourriture et vos boissons.

Le match

Kyoto Sanga jouait le titre, ou à minima les places qualificatives pour les compétitions asiatiques, tandis que Kawasaki Frontale était lui aussi en première partie de tableau. Le niveau de jeu s’est en conséquence amélioré par rapport à mes deux premières expériences de foot au Japon. Même si ça a accouché seulement d’un petit match nul 1-1 et d’un Kyoto Sanga capable de seulement 4 frappes dont 1 cadrée. Mais je prends les petits progrès.

L’atmosphère

Encore une fois, très belle atmosphère entre ce que fait le club (DJ, jeux de lumière très évolués) et évidemment les fans avec un énorme mouvement ultra, et toujours des parcages pleins. On n'est pas toujours fan surtout en Europe de ce qui est organisé par un club, mais quand c’est bien, pourquoi s’en plaindre ? Encore plus que les précédents où je l’ai mentionné, quasiment tout le monde avait un “lightstick” pour participer à l’ambiance avec les spots éteints.

Les petits clins d'oeil à l'univers du JV et de Nintendo, j'aime bien aussi. Nintendo a en effet été fondé à Kyoto, d'où le musée à Uji dans des anciens locaux. Et ils ont également des parts dans le club.

Petite curiosité que j’ai constaté dans quelques stades japonais : la présentation des joueurs, la mi-temps sont animés en employant beaucoup l’anglais. Pour le style ? C’est marrant alors qu’on est incapable de trouver des japonais qui parlent anglais.

C’est le premier match où j’ai pu être aussi bien placé, proche du virage, dans un stade extrêmement compact. Donc c’était particulièrement emballant.

A noter l’illusion d’un tifo mais c’est en réalité une bâche qu’ils semblent ressortir à chaque match puisque je l’ai facilement retrouvé sur Google Images. Mais quand on assiste au match pour la première fois, ça reste sympa à découvrir.

Le parcage de Kawasaki Frontale était très solide même si on était loin d’eux et qu’on ne pouvait pas tellement les calculer. De toute façon on en rediscute dans les prochains CR puisque je les ai vu 3 fois.

Je vais plutôt revenir sur la façon de supporter au Japon que j’ai bien aimé. Les supporters portent une culture ultra mais gardent un intérêt sur le jeu et les événements du match. Et ça c’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié de manière générale. C’est à dire qu’on est pas systématiquement sur une obligation de chanter sans réagir au terrain. Par exemple, si un joueur reste au sol, de son équipe ou de l’adversaire, le stade se tait ou chante le nom du joueur. Ça combat un peu le rythme monotone qu’on trouve dans des tribunes en Europe. On est pas dans un concours où il faut aucun silence de la première à la 100ème minute.

L’expérience groundhopping

C’est évident. Le passage à Kyoto est obligatoire. Et si Kyoto Sanga joue, c’est également impératif en tant que groundhopper d’y voir un match pour l’environnement, le stade, et l’ambiance qui fait largement l’affaire. Ça ne pourra jamais être une perte de temps. RAS sur la billetterie avec des tickets qui s’obtiennent sans difficulté depuis la billetterie du club.

Point +

Fait-on plus beau que Kyoto ?
D'excellents souvenirs culinaires.
Quitter des petits périmètres touristiques suffisaient à s'écarter de la foule.
Le stade et son environnement.
L'atmosphère portée par le club, l'ambiance des ultras.

Point -

Quid en mai-août du surtourisme ?
Transports en commun en bus, et qui saturent.
Kinkaku-ji, pas apprécié du tout.