½ Retour Coupe Levain : Kashiwa Reysol - Kawasaki Frontale (Japon 8/8 : Bilan)
Après un match aller exceptionnel mais qui laissait Kashiwa Reysol avec un retard de 2 buts à combler (3 pour se qualifier directement), on se rendait à Kashiwa pour un match retour qui s'annoncait bouillant. On m’avait dit que c’était l’une des meilleures ambiances du Japon, et j’ai aussi lu - étrangement - que c’était l'une des équipes les plus populaires.
Pour ce match, je suis passé par Chiketto car il n’y avait pas de billetterie grand public. Lui-même ne proposait pas la vente de ce match en direct sur son site, il fallait démarcher plutôt sous la forme d’une demande afin qu’il essaye ensuite d’obtenir des tickets pour nous à l’ouverture des ventes, au plus proche de nos souhaits en catégorie et prix.
Le stade
Personnellement, les couleurs et ce petit stade de 16 000 spectateurs m’attiraient déjà énormément. Y’a un peu un feeling argentin avec ce club de quartier, ce stade découpé en 4 tribunes rudimentaires. Même les stades italiens n’osent plus proposer des sièges aussi merdiques dans des tribunes latérales.
L’inconvénient c’est que finalement on arrive au stade et qu’on a moins envie de traîner que sur les autres stades que j’ai pu faire. Quelques stands, une grande pelouse à l’extérieur et quelques activités pour les familles mais ça donne plutôt envie de rejoindre rapidement sa tribune.
Le match et l’atmosphère
Le stade tout en jaune, c’est beau. Comme dit plus haut, y’a un vrai sentiment de quartier et de proximité entre les gens et le club. Un tifo “feuilles jaunes” était organisé pour cette grande occasion. Tout le monde portant déjà un maillot jaune, ça ne faisait pas une grande différence entre avant et après.
Pour Kawasaki, tout un virage et une partie de la latérale leur était réservée. Pour la troisième et dernière fois du séjour, je peux redire du bien des fans de Kawasaki. C’est fort et ils feront largement jeu égal avec les hôtes.
Il faut dire qu’ils avaient autant de sièges que les fans locaux. Et que les supporters en latérale étaient plus calmes que je l’imaginais. Ils ne suivaient quasiment jamais le virage des Kashiwa Reysol.
Pourtant, les supporters ont eu l’occasion de s’enflammer. D’abord mené 0-1 dès la troisième minute, Kashiwa Reysol devait remonter 3 buts (4 pour se qualifier). C’est ce qu’ils ont su faire dans un match de fou en égalisant à la 26ème minute, et scellant leur qualification à la 92ème minute (4-1). Mais dans ce contexte, avec l’un des matchs les plus fous qu’on puisse espérer de son club, le stade aurait dû être en feu. Donc on est resté sur une impression étonnement toujours partagée 50/50 entre les deux camps.
On peut quand même penser que ce petit stade, les tribunes proches du terrain, ont vraiment participé à donner un avantage à Kashiwa Reysol. "NO REYSOL NO LIFE" comme dit l'adage. C’était difficile de résister aux assaults des “aurinegro” (Or et Noir). Et notons des très beaux chants/hymnes du côté de Kashiwa Reysol, ainsi qu'une belle communion de fin de match avec les joueurs tout en réutilisant les feuilles du tifo.
Voir mes photos et vidéos sur instagram.
Quelques autres adresses et conseils
Pour bien finir sur ce huitième et dernier compte-rendu, je vais citer pêle-mêle quelques adresses et conseils dont je n’ai pas encore eu l’occasion de parler.
Parmi les sites pour aider à préparer son voyage, j’aime bien kanpai.fr même si ça ne m’empêche pas de ne pas toujours partager son opinion. C’est simple et efficace pour chaque centre d’intérêt (villes, quartiers, etc) au Japon. Sans trop de spoiler. C’est mieux d’éviter de voir en photos avant d’y aller soi-même. C’est d’ailleurs un peu la règle que je me suis fixé pour préparer les vacances. Les livres/guides sont bien également pour ça, sans retenir le nom des restaurants qui seront trop populaires.
Mieux vaut éviter les réseaux sociaux et influenceurs qui ne peuvent pas avoir un contenu neutre. Ils doivent exagérer dans un sens ou dans un autre pour que le contenu soit percutant. C’est un peu le point que j’ai déjà abordé entre des touristes influenceurs qui vendent le Japon comme un pays parfait, occultant des problèmes sociétaux qui seraient heureusement inacceptables en France. Et des influenceurs locaux qui à l’inverse vont vous dire de zapper Kyoto et Osaka, détachés de la réalité économique, logistique, etc d’un touriste.
On a fait différents hôtels à Tokyo, je vais mettre en avant notre premier Hotel Villa Fontaine Tokyo-Kudanshita. Tout simplement car si vous avez besoin de laver votre linge, il y’a 3 machines pour le laver et 3 supplémentaires pour le sécher. Ce qui donne un meilleur roulement entre les clients, et plus de chances d’en trouver une disponible (nos autres hôtels avaient 3 machines pour tout gérer). Et les machines peuvent fonctionner avec une application et un paiement en ligne, pratique.
Enfin, deux cafés à l’atmosphère feutrée très poétique, qui respectent à la lettre leur appellation avec une offre rachitique pour manger : - Cafe Pharmacy, proche de l’un de nos hôtels Hotel SUI Kanda by Abest près de la station Kanda. Très joli lieu, bien caché dans une petite ruelle.
- Cafe ataraxia au sous-sol d’un bâtiment, où de la musique classique, parmi une collection de 10 000 vinyles, est jouée au phonographe. C’est proche de la station Jimbocho. Tout aussi petit lieu, mais plus populaire que le précédent cité (377 avis Google à 24) et avec une offre plus large pour boire ou manger un bout.
En tout cas, deux adresses qui réconcilient aussi avec Tokyo où il est parfois difficile de trouver son bonheur dans un monde si vaste.
Bilan du Japon
Le Japon est indéniablement l’un des plus beaux pays du Monde. Et je sais qu’en 3 semaines j’ai exploré qu’une infime partie du Japon et de beauté. On doit pouvoir y passer des mois et renouveler le plaisir.
En tant qu'ancienne puissance impérialiste ayant quasi exclusivement été l’agresseur au cours de son Histoire, le pays a pu garder sa beauté originelle. Ils ont souffert du moine qui a incendié le Pavillon au Mont d’Or, et Hiroshima/Nagasaki que j’aimerais visiter à l’avenir.
D’une certaine manière, cette philosophie impérialiste on la retrouve encore dans la société japonaise. C’est un pays très fier et qui résiste, c’est dans un sens très bien (mais pas que), à l’influence des autres cultures. Toute la culture présente au Japon n’appartient qu’à eux : la nourriture, les pachinkos, les animes, les mangas, le jeu vidéo, les magasins, les marques, les usages et coutumes, le kawaii, la perversion, etc. Le Japon ne ressemble qu’au Japon. Jusqu’à un excès d’entre-soi déshumanisant que j’ai particulièrement ressenti à Tokyo. C’est trop pour moi. Mais si j’étais fan d’autre chose dans leur culture que de Tower Records, mon avis serait encore un peu différent. C’est tout à fait subjectif.
Japon vs Corée du Sud
C’est une comparaison qui peut intéresser puisque j’ai déjà vu des questions “Japon ou Corée du Sud ?”. Donc suite à mes deux voyages dans ces pays, je veux partager mon avis.
Malgré ma curiosité et mes connaissances préalables, j’ai quand même été étonné du si peu de points communs qu’on retrouve entre les deux pays.
En termes de puissance et de richesse d’abord, mais c’est logique : le Japon a une superficie près de 4 fois supérieure à la Corée. La Corée est un pays jeune encore en cours de développement, qui, j’aime à le rappeler, a été sous contrôle de l’empire japonais jusqu’en 1945 avant de subir la Guerre de Corée. La Corée du Sud a donc moins d’arguments en tourisme urbain, qui semble surtout tenir en Séoul et Busan. Mais le pays peut se démarquer par la convivialité des cafés, les parcs nationaux et ses randonnées.
En tant que société ensuite, le point déterminant. Malgré un savoir-vivre semblable, l’intérêt collectif au Japon et l’application bête des usages et coutumes de la société a lobotomisé le comportement des gens. Trop de politesses "niaises", un manque de réflexions indépendantes, de gestes affectifs en public, des activités de loisirs jusqu’aux repas qui se ne se partagent pas. Peut-être tout simplement et plus globalement le problème de la gestion de l'espace public du fait d'une surpopulation. On parle du faux-problème des poubelles (y'a des grandes chaines de supérettes tous les 500m pour en proposer) mais je me suis personnellement demandé : où sont les bancs publics ? Cette absence participe également à rendre la société plus solitaire et insipide.
C’est l’inverse pour la Corée du Sud dont l’intérêt collectif n’est pas qu’une forme de contrôle néfaste de la population. On partage la majorité des repas autour d’une table, on se pose au café ou dans la rue, on montre des liens affectifs. Un peuple avenant et naturel qui aime discuter, partager, s’assurer de votre bien-être, malgré la barrière de la langue toujours existante.
Je peux entendre que Tokyo surclasse Séoul, qu'Osaka surclasse Busan, etc. Qu’importe. Mais les souvenirs et plaisirs simples qui me déclenchent un sourire béat continueront de venir de Corée. ll y’a peu de connexions humaines, de lien social au Japon qui permettent de se rattacher totalement à son voyage. Et je précise : je ne suis pas assez stupide pour ne parler que du contact d'un local envers un touriste, car on reste dérisoire face à leur quotidien. Mais déjà, observer les gens, ce n’est pas du tout le même plaisir de l’un à l’autre.
Mais c’est pour ça que le sport c’est beau. Un stade, c’est le meilleur endroit pour constater la vraie nature d’un Homme. Celle qu’il enfouit au fond de lui le reste du temps. On s’est tapé dans les mains à Kawasaki, on s’est arrêté pour nous indiquer le chemin de notre tribune à Kashiwa. Même à voir entre japonais ces scènes me paraîtraient déjà précieuses.
Et les japonais, grâce à une éducation “militaire” (tu fais ce qu’on te dit), mettent des sacrés ambiances aussi bien en football qu’en baseball. Même si en baseball, j’ai préféré l’ambiance en Corée du Sud. Si l’ambiance y est organisée par les clubs là-bas, c’est un plus grand défouloir (danse, chants) pour les fans notamment très féminins, et qui sont mieux positionnés dans le stade. Le Japon reste une valeur sûre puisque la popularité du foot au Japon met une branlée à la Corée.